Les policiers municipaux du Québec durcissent le ton dans leur combat contre le projet de loi sur les régimes de retraite.

Les 29 chefs syndicaux des corps de police municipaux concernés se sont réunis hier pour établir un plan stratégique, a appris La Presse. Ils se disent aujourd'hui prêts à utiliser «tous les moyens légaux possibles» pour s'opposer au projet de loi 3.

Le président de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ), Denis Côté, qui représente près de 9500 policiers au Québec, affirme même que les moyens de pression seront de plus en plus intenses. «Il y a un plan stratégique qu'on va mettre en branle dans les prochains jours, et là-dedans, il y a une radicalisation. Les moyens de pression iront en s'accentuant», déclare-t-il.

Il se dit prêt à aller jusqu'en Cour suprême pour défendre son point de vue, car à son avis, l'adoption de ce projet de loi «donnerait le ton pour les 10 prochaines années» en matière de relations de travail avec les employés municipaux au Québec.

Depuis la présentation du projet en juin dernier par le gouvernement Couillard, les syndicats concernés ont déjà utilisé plusieurs moyens de pression pour se faire entendre.

Feu de casquettes et autocollants

Le 17 juin dernier, les employés municipaux ont manifesté devant l'hôtel de ville de Montréal. Le rassemblement a duré plusieurs minutes et les syndiqués ont allumé un feu en faisant brûler leurs casquettes dans la rue. Des pompiers ont aussi arrosé l'hôtel de ville.

Quelques semaines plus tard, les syndicats ont lancé une vaste opération de visibilité en tapissant d'autocollants plusieurs voitures de police et camions d'incendie du Québec.

Sans dévoiler son plan de match ni préciser ce qu'il entend par «radicalisation», Denis Côté, parle «d'opérations de sensibilisation à venir». Il précise toutefois qu'il n'a pas l'intention de réduire les services à la population. «Nos troupes sont gonflées à bloc. Lorsque l'on voit des gestes posés [par des villes] comme Granby et Trois-Rivières, ça n'a qu'un effet de motivation. C'est clair qu'on ne laissera pas [qui que ce soit] commettre un vol légal», ajoute-t-il.

Tout comme à Montréal, l'administration municipale de ces villes a récemment entrepris un grand nettoyage afin d'éliminer les autocollants apposés sur les véhicules. À Granby, la ville a engagé un col bleu dimanche dernier pour laver les autos-patrouilles en service.

«On a laissé des secteurs de patrouille sans présence policière. C'est un élément qui compromet les services à la population» estime Denis Côté.

Le directeur général de la Ville de Granby, Michel Pinault, pense plutôt qu'il s'agit d'une question de principe. «Ce sont des arguments qui ne tiennent pas la route. Ça s'est fait à un moment où les véhicules étaient garés. Lors d'un changement de quart de travail», souligne-t-il.

À Granby, Trois-Rivières et Montréal, les villes entendent refiler les frais de nettoyage aux différentes associations syndicales, qui ont toutes recollé des autocollants après le passage des nettoyeurs.

Les villes font de la «petite politique», dit Marc Ranger, à la tête de la Coalition syndicale pour la libre négociation. «S'il le faut, on va contester les factures envoyées par les villes», dit-il, tout en confirmant qu'une action aura lieu à Longueuil demain. Il n'a toutefois pas voulu donner plus de détails.

Le projet de loi 3 sera soumis à une consultation cet automne. Il propose entre autres de répartir également les déficits passés, présents et à venir des régimes de retraite entre les employés et la municipalité.

L'Union des municipalités du Québec et la Fédération québécoise des municipalités, qui représentent les villes concernées par le projet de loi 3, ont toutes deux préféré ne pas faire de commentaires.

Les mémoires présentés à la fin août

La commission parlementaire qui étudie le projet de loi 3 a fait connaître hier les dates où elle prévoit entendre les groupes souhaitant se prononcer sur la question des régimes de retraite. Les villes de Québec et de Montréal ainsi que d'autres regroupements municipaux pourront s'exprimer le mercredi 20 août, alors que plusieurs syndicats pourront déposer leur mémoire les 21 et 22 août. Outre les acteurs directement touchés, le Barreau du Québec et Alban D'Amours, auteur d'un rapport sur l'avenir des régimes de retraite, entendent également se prononcer sur la question.