Trois écrasements d'avion faisant des centaines de morts ont fait les manchettes ces dernières semaines. Dans certains cas, les mauvaises conditions météo pourraient être en cause. Alors que plusieurs Québécois profiteront des vacances estivales pour voyager à l'étranger, La Presse s'est entretenue avec des experts en aviation pour comprendre les dangers liés aux orages rencontrés en vol. Première constatation: pas de panique, la situation est dans la vaste majorité du temps sous contrôle.

La voie de contournement

Lorsque les pilotes planifient leur route, ils sont avertis des cellules orageuses qu'ils pourraient rencontrer. Tout est fait afin de les éviter. Une fois en vol, les avions sont aussi équipés d'un radar qui montre ce qui se présente sur une distance de près de 300 kilomètres. L'objectif est toujours le même: contourner l'orage ou voler au-dessus de celui-ci, plutôt que le traverser.

La foudre

La foudre frappe les avions en moyenne une fois toutes les 1000 heures, selon l'Agence France-Presse. L'appareil est généralement touché à une extrémité et la coque extérieure lui sert de conducteur pour l'électricité. Si le pilote peut être aveuglé, les dangers demeurent minimes: le tonnerre reste plus surprenant que les dommages causés.

Les vents extrêmes

Si un pilote est forcé de traverser un orage, il affrontera des vents violents, parfois extrêmes. Dans cette situation, l'appareil subira de fortes turbulences et pourrait être momentanément déstabilisé. Le pilote doit alors s'assurer de ne pas perdre la notion de l'altitude. Si l'avion est renversé, il dispose de quelques secondes pour effectuer des manoeuvres pour stabiliser l'appareil.

Les grêlons

Les petits grêlons que l'on retrouve parfois dans les orages ne sont pas dangereux pour les moteurs. Toutefois, lorsqu'ils dépassent une certaine taille, ils peuvent causer des dégâts sur les pare-brise. Selon un expert en aviation consulté par La Presse, ils sont aujourd'hui rarement la cause d'accidents.

«Traverser un orage, ça réveille», raconte un pilote

Traverser un orage est une expérience violente «que l'on ne veut pas vivre», a expliqué en entrevue à La Presse François Michaud, un ex-pilote de ligne qui compte plus de 33 ans d'expérience.

«Sinon, les vents très violents peuvent briser l'avion. Quand on voit des taches rouges sur notre radar, il vaut mieux faire demi-tour», a-t-il dit.

M. Michaud a traversé deux orages au cours de sa carrière. La première fois, il décollait de Londres, en Angleterre, en route vers le Canada.

«L'appareil a été frappé par un éclair. Tous les circuits électriques sont tombés en panne. Laissez-moi vous dire que ça réveille. Une génératrice à batterie nous donne environ 40 minutes d'opération avec les instruments de bord, mais il faut rapidement ramener les systèmes en fonction», a raconté M. Michaud.

Ces situations ne sont toutefois pas fréquentes. Selon lui, la communication entre les tours de contrôle et les avions est excellente en Amérique du Nord et en Europe de l'Ouest. «Les pilotes sont mis au courant des zones orageuses et ils arrivent très bien à les contourner», a dit le pilote d'expérience.

L'ancien directeur général de l'Association internationale du transport aérien, Pierre Jeanniot, partage le même avis.

«En vol, les appareils se parlent les uns aux autres. Un avion qui traverse un orage enverra un message au centre de contrôle pour les avertir. Les informations circulent facilement», a-t-il affirmé.