Elisabeth se sent comme un chien abandonné dans un refuge pour animaux. Patrice a servi d'objet sexuel à l'âge où il aurait dû jouer avec des camions. Nathalie a un père qui l'aime mal. Depuis des mois, ces jeunes confiés à la DPJ s'entraînent dans un but commun: courir 270 km à relais durant 24 h. Ils ont pris le départ de la Course au secondaire du Grand Défi Pierre Lavoie samedi matin à Québec. La Presse vous raconte leurs parcours de vie. Des trajets plus ardus que celui qu'ils accompliront au pas de course ce week-end.

L'avant-course

À trois semaines de la course

Centre de réadaptation Dominique-Savio



Une jeune participante lève les yeux au ciel en joignant les mains comme si elle faisait une prière.

« Merci beaucoup! », lance-t-elle, en interrompant du même coup la responsable des communications du centre jeunesse de Montréal, Julie Grenier, au milieu des explications qu'elle est en train de donner sur le déroulement de la course qui aura lieu dans trois semaines.

Mme Grenier vient d'annoncer à la trentaine d'adolescents assis devant elle qu'ils ne courront pas sous les couleurs du centre jeunesse de Montréal.

La vie de ces jeunes négligés, maltraités ou carrément abandonnés est déjà assez compliquée comme ça. La dernière chose qu'ils veulent, c'est d'avoir l'étiquette DPJ collée au front.

Ils pourront se fondre parmi les quelque 3000 élèves des 100 écoles secondaires inscrites à la Course au secondaire du Grand Défi Pierre Lavoie.

Il s'agit d'une course à relais de Québec à Montréal, une épreuve de 270 km en 24 heures. Chaque école suit ses coureurs avec un autocar.

« Et les pauses cigarette, ça fonctionne comment? Est-ce que je vais devoir fumer en courant derrière le bus? », demande la même participante, un brin frondeuse, ce qui déclenche un fou rire général.

« L'an dernier, on était les seuls à fumer sur le parcours. Les saines habitudes de vie et la cigarette, disons que ça ne marche pas vraiment ensemble, mais les organisateurs nous tolèrent parce qu'ils savent qui on est », répond la dynamique organisatrice.

Ce soir-là, le groupe se réunit pour la première fois. Ses membres proviennent de quatre centres de réadaptation, de foyers de groupe et de familles d'accueil, tous sous la responsabilité du centre jeunesse de Montréal.

Les gars scrutent les filles. Et vice-versa. Pour cause: la plupart vivent dans des centres non mixtes. Ils vont courir en paires. « Ce sera un privilège de courir un gars - une fille, prévient une autre responsable. On ne passera pas notre temps à faire de la discipline. »

Parmi les participants, il y a aussi une poignée de jeunes délinquants qui ont fait la pluie et le beau temps dans leur quartier.

Sur la banderole fournie par le Grand Défi que les jeunes doivent signer ce soir-là, un grand adolescent inscrit le nom de son quartier à côté de son prénom. Ce n'est pas un geste insignifiant. Un éducateur le reprend aussitôt: « Les gars, je ne veux pas voir de nom de quartier, de couleur ou de numéro de ligne d'autobus sur la banderole », énumère-t-il. Ce sont autant de signes d'appartenance à un gang.

Quand les jeunes apprennent que Les Trois Accords donneront un spectacle le samedi soir du Grand Défi, ils ne montrent même pas un début d'enthousiasme. « C'est la nouvelle version de 50 Cent, ça », lance une fille, ironique.

Après avoir reçu toutes les consignes, le groupe quitte le centre au pas de course pour un entraînement de type bootcamp au parc Ahuntsic. Plusieurs ont pris le temps de griller une cigarette avant de partir.

À une semaine de la course, centre de réadaptation

Mont Saint-Antoine


Daven* est le seul garçon qui se présente à l'entraînement ce jour-là. Ils devaient être neuf. Ralph, le professeur d'éducation physique qui les entraîne deux midis par semaine, ne s'en formalise pas.

Après tout, le Mont Saint-Antoine est un centre de réadaptation. Ce jour-là, un des jeunes inscrits au Grand Défi s'est complètement désorganisé en classe. L'endroit héberge sa propre école pour les garçons qui ont trop de problèmes pour fréquenter une école traditionnelle.

L'adolescent a été placé en « arrêt d'agir ». S'entraîner est un privilège réservé à ceux qui respectent les règles du centre. Ce n'est pas une mince affaire pour ces adolescents aux prises avec de graves problèmes de comportement.

Sous un soleil de plomb, Daven fera deux tours de l'immense terrain du centre avec son dynamique professeur. Ils ont l'air de deux frères.

Assise à une table à pique-nique, l'éducatrice de Daven, Josée Del Col, parle de lui avec affection. En septembre dernier, l'intervenante a appris une terrible nouvelle: sa nièce qui venait à peine de naître souffrait d'acidose lactique - la même maladie qui a emporté deux des enfants de Pierre Lavoie.

Lorsque Daven l'a su, il a spontanément offert à son éducatrice de dédier sa course à cette enfant qu'il ne connaît même pas. Depuis, il a été le plus assidu aux entraînements.

En fin de semaine, l'adolescent va courir avec un bandeau sur lequel sera inscrit le nom de la petite, morte le mois dernier - elle n'avait pas encore 1 an - de la maladie.

« La société juge beaucoup nos jeunes. Si les gens savaient à quel point ils ont un bon fond », dit l'éducatrice en soupirant.

À une semaine de la course, centre de réadaptation

Cité des Prairies

Il est 6 h 30 du matin. Une poignée d'adolescents joggent sur la piste cyclable du boulevard Gouin qui borde la rivière des Prairies.

Personne ne peut se douter qu'ils sont parmi les pires jeunes délinquants de Montréal. Ou encore les cas de la DPJ les plus lourds en ville.

Ils sont tous placés à Cité des Prairies parce qu'ils ne peuvent pas vivre en société. Ici, il y a des clôtures qui font penser à celles des pénitenciers.

En novembre dernier, la police a dû intervenir à Cité après que six adolescents s'étaient barricadés avec des armes de fortune.

Ça ne veut pas dire que les jeunes de Cité soient irrécupérables pour autant, explique la directrice des services aux jeunes contrevenants du centre jeunesse de Montréal, Michèle Goyette.

Cette femme dans la soixantaine prêche par l'exemple. Deux matins par semaine, elle s'entraîne aux côtés des adolescents. Elle croit dur comme fer à la réadaptation. Elle n'a pas hésité à dénoncer publiquement le controversé projet de loi omnibus sur la criminalité (C-10) du gouvernement Harper qui visait entre autres à durcir les peines imposées aux jeunes contrevenants.

La directrice ne tombe pas dans l'angélisme, non plus. Dans les courses hors des murs de Cité, le rapport est d'un éducateur pour un jeune.

Mme Goyette porte le même chandail que les adolescents ce matin-là. On peut y lire: « Pas d'excuses. Pas de limites. » À entendre avec quelle conviction cette femme défend les principes de la réadaptation, on pourrait y ajouter: « Pas irrécupérables. »

* Le prénon a été changé pour préserver l'anonymat.

Un but commun

ÉLISABETH, 15 ANS

«Quand on est des bébés, on est comme des chiots. On est cutes, les familles d'accueil veulent de nous. Quand on devient des chiens, ils nous mettent dans des refuges.»

Ces mots sont ceux d'Élisabeth*, une adolescente de 15 ans qui a passé toute sa vie «dans le système».

Dans la vie, Élisabeth a tiré le mauvais numéro. Elle est née avec des traces d'héroïne et de cannabis dans le sang. Sa mère n'a jamais été en mesure de s'occuper d'elle. Élisabeth n'avait pas encore 2 ans quand elle a atterri dans sa première famille d'accueil.

Après quelques années, elle est allée vivre avec son frère aîné. Mais «un frère, ce n'est pas un père», se contente-t-elle de dire. Puis elle a été placée dans une autre famille d'accueil. Autre échec. Elle s'est retrouvée dans un foyer de groupe, où elle vivra jusqu'à ses 18 ans.

Élisabeth s'est résignée à son sort. «Je voudrais une famille, c'est sûr, mais je n'en ai pas. Si j'étais née en Chine ou au Pérou avec une mère droguée, ce serait pire», soupire-t-elle.

L'adolescente, qui fréquente l'école secondaire du quartier, évite de parler de sa vie à ses camarades de classe. «Je suis sortie avec un gars dernièrement. Quand son père a su que je vivais dans un foyer de groupe de la DPJ, il s'est mis à m'appeler: «la chose», comme si je ne valais rien.»

Lorsqu'elle court, Élisabeth se sent libre. Loin du «refuge pour chiens abandonnés».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

NATHALIE, 16 ANS

Nathalie* s'est mise à la course pour échapper à son père, hyper-contrôlant. Peine perdue: il s'est mis à la suivre lors de ses entraînements quotidiens pour s'assurer qu'elle n'en profiterait pas pour flirter avec un garçon.

Elle devait rentrer chez elle directement après l'école, n'avait pas le droit de sortir les fins de semaine.

Son père décidait de tout, jusqu'à la façon dont elle devait se coiffer. Il lui a crié tous les noms. «Il me disait que j'étais tellement grosse que je devais être enceinte. Ça le rendait fou», se souvient l'adolescente - qui n'est pas grosse du tout.

Sa mère n'a jamais osé contrarier son conjoint.

Un jour, Nathalie en a eu assez. Elle s'est mise à fuguer. À répétition.

À 14 ans, elle a été envoyée dans un centre de réadaptation pour filles aux prises avec des troubles de comportement. Là non plus, elle n'avait pas le droit de sortir. Les cours se donnaient à l'intérieur des murs.

«C'est fou, ce que je vais vous dire, mais je me sens plus libre au centre que chez moi», raconte celle qui a aujourd'hui 16 ans.

Nathalie emprunte le jargon de la DPJ pour décrire son parcours: «J'ai été placée pour dénouer l'impasse relationnelle entre mes parents et moi, explique-t-elle. Ça ne marche juste pas.»

Elle vient de demander à un juge d'ordonner qu'elle reste au centre jusqu'à ses 18 ans. Elle veut être libre de courir sans sentir le souffle de son père dans son dos.

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JUSTINE, 17 ANS

Justine met du temps à répondre lorsqu'on lui demande de raconter un souvenir d'enfance. «Je me souviens des trous dans les bras de ma mère.»

Sa mère était héroïnomane. Son père aussi.

À 4 ans, Justine et son frère jumeau erraient souvent, seuls, tard le soir, dans les rues de leur quartier. Ils avaient faim. C'est leur soeur de 6 ans qui s'occupait d'eux. «Elle nous faisait des toasts. C'était comme notre mère», se souvient l'adolescente de 17 ans.

La DPJ est entrée dans la vie de Justine à cette époque-là. Un jour, son père s'est présenté complètement « gelé » à une rencontre supervisée avec un travailleur social. Ce dernier lui a demandé de partir. Son père lui a glissé «je t'aime» à l'oreille. Elle ne l'a plus jamais revu.

Son père et sa mère sont morts d'une surdose à quelques années d'intervalle.

Justine a vécu durant quelques années chez une tante. Son enfer s'est poursuivi. Cette tante la battait. Justine a fini par la dénoncer. À 14 ans, elle a atterri en centre de réadaptation. Broyée. En rébellion.

«Je lâche toujours ce que j'entreprends», dit-elle en nous regardant de ses yeux bleus perçants.

L'an dernier, une éducatrice lui a proposé de participer à la Course au secondaire du Grand Défi Pierre Lavoie. Justine s'est entraînée durant plusieurs mois en pensant à sa mère. «Je voulais lui montrer que je pouvais accomplir quelque chose.»

Justine a couru à elle seule une trentaine de kilomètres (des 270 km à relais en 24 heures). Sa médaille est accrochée bien en évidence au-dessus de l'urne qui contient les cendres de sa mère, près de son lit.

«Mon plus grand rêve ne se réalisera jamais », laisse-t-elle tomber avant de faire une pause. Elle hésite à terminer sa phrase. « Je voudrais que ma mère soit encore là.»

Faute de voir son rêve se réaliser, Justine se motive à l'idée de mettre une autre médaille au-dessus de l'urne de sa mère.

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PATRICE, 14 ANS

Patrice* a servi d'objet sexuel à l'âge où il aurait dû jouer avec des camions.

Négligés par leur mère toxicomane, son frère et lui ont été confiés à un oncle et une tante. Patrice était encore bébé. Son frère avait 5 ans.

La famille avait déjà deux adolescents. Deux monstres. «Ils nous ont tout fait», raconte Patrice avec retenue. «Aux yeux de mon oncle et de ma tante, leurs gars étaient parfaits. Quand on se plaignait, on se faisait battre.»

La DPJ a fini par les retirer de cette famille, mais le mal était fait. Patrice a atterri dans un foyer de groupe vers l'âge de 6 ou 7 ans. Il a été séparé de son grand frère. «Je frappais tout le monde. J'étais devenu moi-même un monstre.»

Il a ensuite été placé dans un centre de réadaptation pour enfants. Puis un autre. Puis un troisième, à Cité des Prairies, où les mesures de sécurité ressemblent à celles d'une prison. Il ne s'en plaint pas. Il veut y rester jusqu'à ses 18 ans.

«J'ai du mal à faire confiance aux adultes. J'ai besoin de stabilité», dit l'adolescent de 14 ans. L'encadrement strict lui réussit. Il a une excellente moyenne scolaire, il fait beaucoup de bénévolat. Il a pris goût à l'entraînement physique en vue de sa participation au Grand Défi Pierre Lavoie.

«Souvent, je me demande ce qu'aurait été ma vie si je n'étais pas tombé sur une mauvaise famille.»

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DAVEN, 14 ANS

Daven* a fui Haïti avec sa mère à la suite du tremblement de terre de 2010. Il a atterri au Québec, où il a vécu un autre type de séisme.

L'adolescent vivait avec sa mère et son beau-père en banlieue de Montréal. Du jour au lendemain, sa mère a quitté cet homme que Daven aimait beaucoup. Elle lui a dit: «On s'en va vivre à Montréal.»

Déjà déraciné une fois, Daven a très mal pris la décision de sa mère. Il s'est senti déboussolé. Sans figure paternelle.

Le jeune Haïtien a détesté Montréal. Il en a eu assez de changer de vie. Il s'est mis à faire des fugues. Sa mère n'en pouvait plus. Elle a baissé les bras et l'a laissé à lui-même.

Ce cas de négligence parentale a fait en sorte qu'il s'est retrouvé sous la tutelle de la DPJ. Il a continué à fuguer du centre de réadaptation où il a été placé, si bien qu'on l'a envoyé à Cité des Prairies. Dans ce centre sécurisé pour adolescents ceint de hautes clôtures, nul ne peut se déplacer seul. Toutes les portes se verrouillent automatiquement comme dans une prison.

«L'encadrement était fuckin' chiant», raconte-t-il. Il a compris qu'il ferait mieux de se prendre en main. Il vit depuis deux ans à Mont Saint-Antoine, un centre pour garçons moins strict que Cité des Prairies.

D'ici à la fin de l'été, s'il continue sur la bonne voie, il pourra retourner vivre chez sa mère. «Ma mère s'est améliorée, commence-t-il par dire. Et moi aussi.»

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IMRAN, 17 ANS

Personne n'avait enseigné à Imran les principes de l'égalité homme-femme.

À 14 ans, il s'est mis à harceler une fille. Il a dépassé les bornes. Il a été si violent qu'il a été accusé au criminel.

Il a mis du temps à comprendre ses torts. «Je ne savais pas que je faisais quelque chose de grave, dit-il. Je ne pensais pas que c'était un crime.»

Ce fils d'immigrés du Proche-Orient est né dans un quartier pauvre de Montréal. Il a grandi dans un petit logement, entassé avec ses nombreux frères et soeurs. Dans le pays d'origine de ses parents, l'homme a tous les droits. Des fillettes y sont mariées de force.

Il a fallu qu'un juge le déclare coupable au terme d'un procès pour qu'il commence à prendre conscience de ses gestes.

Imran purge sa peine à Cité des Prairies, où il côtoie les pires jeunes délinquants de Montréal.

«Il y a les kings de Cité qui se vantent de faire du temps, raconte l'adolescent. Moi, j'ai décidé d'apprendre des choses. Quand je sortirai d'ici, je ne reviendrai plus jamais.»

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DENIS, 14 ANS

Denis a 14 ans, mais on lui en donnerait 12 tout au plus.

Il n'a jamais pu compter sur sa mère. Elle entre dans sa vie et en ressort quand ça lui chante. Il est donc sous la garde de son père. Le problème, c'est qu'il ne peut pas trop compter sur lui non plus.

Il est du genre à oublier d'inscrire son fils à l'école. À ne pas se souvenir de prendre rendez-vous chez le médecin pour lui. À oublier même son anniversaire.

Résultat: à 12 ans, Denis n'allait plus en classe. Il rentrait à l'heure qu'il voulait. Ou ne rentrait pas du tout. Pour attirer l'attention, il s'est mis à briser des vitres et à faire plein d'autres «petites conneries», comme il dit.

Le garçon à l'air espiègle a été placé dans une famille d'accueil, chez une femme aimante. Il venait de trouver une seconde mère. Le gros lot. Mais elle est morte dans un accident de la route. Denis a eu du mal à encaisser le choc. Une épreuve de trop.

* Les prénoms ont été changés.

Envoyé dans un foyer de groupe, il a très mal réagi. Il pouvait piquer de violentes colères pour un oui, pour un non. Il était incontrôlable. La DPJ n'a pas eu le choix de l'envoyer dans un centre de réadaptation.

Là, son professeur d'éducation physique a eu l'idée de l'initier à la course pour l'aider à canaliser ses énergies. Denis prend le Défi Pierre Lavoie au sérieux. Il veut avaler le plus de kilomètres possible.

Dans les derniers mois, cet adolescent attachant a fait des progrès tels qu'il pourrait réaliser son rêve et retourner vivre chez son père, selon son éducatrice. C'est maintenant au père de faire ses preuves. Premier test : ne pas oublier d'inscrire son fils à l'école en septembre.

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