Quand sa conjointe Marie-Claude Gauthier est décédée subitement il y a trois ans, Stéphane Ouellet a encaissé le choc. Non seulement perdait-il la femme de sa vie, il se retrouvait seul avec leur fille unique de huit ans. Père monoparental depuis, il voit la vie d'un tout autre oeil. La fête des Mères revêt, pour lui, un caractère bien particulier.

«Marie-Claude est morte de manière foudroyante et ç'a été le pire événement de ma vie. Je me suis assis à côté de Léa. Je pleurais. Elle a ressenti l'émotivité et elle s'est mise à pleurer. Elles avaient une relation intense toutes les deux, presque fusionnelle», raconte Stéphane Ouellet, un avocat en pratique privée originaire d'Alma.

Comme c'est les cas pour de nombreuses mamans, Marie-Claude s'investissait beaucoup pour Léa, une magnifique fillette d'origine chinoise que le couple a accueillie avec bonheur alors qu'elle n'était âgée que de dix mois. Au gré des jours, la petite famille a inconsciemment imité le modèle de tant d'autres: le père absorbé par le travail, la mère au coeur de la gestion quotidienne du nid.

La mort de Marie-Claude a laissé dans son sillage un homme ravagé par le deuil, mais prêt à tout pour prendre soin de son enfant. Au cours des semaines suivant le départ de sa conjointe, Stéphane a mis son chagrin au rancart et a investi toute son énergie au profit de Léa. Avec le recul, il exprime avec candeur l'impuissance ressentie à l'idée de tout assumer: les repas, l'entretien ménager, les devoirs, l'écoute, la présence, le rôle du père et celui de la mère. Stéphane Ouellet, qui oeuvre à son compte, a remodelé son agenda afin d'être plus présent à la maison. Trois ans après le décès de Marie-Claude, l'homme de 53 ans adhère à la devise de l'écrivain et philosophe Voltaire. «Il n'y a point de mal dont il ne naisse un bien».

«Si je n'avais pas vécu le décès de ma femme, il y a tout un pan de la vie de Léa que je n'aurais peut-être jamais connu. Je travaillais comme un fou. J'ai changé mon rythme de vie et je suis vraiment content d'avoir pu vivre un rapprochement avec ma fille», dit celui qui accompagne Léa, 11 ans, dans son passage vers l'adolescence en abordant chaque étape de son développement comme autant de leçons de vie.

Perspective

Stéphane Ouellet a certes une perspective différente sur l'existence en général et sur son rôle de père. Il pose aussi un regard nouveau sur sa profession. Il ne se cache pas pour dire que le domaine judiciaire est souvent dur. C'est un univers où l'assurance et l'apparence de contrôle priment. De l'avis de l'avocat, la justice est plus conciliante envers les femmes qu'envers les hommes, le moment venu de conjuguer travail et obligations familiales. Cela dit, Stéphane croit avoir trouvé l'équilibre.

«Après deux ans, j'ai dû aller chercher de l'accompagnement parce que je sentais que j'en avais besoin. Et je me suis dit que j'avais le droit d'arriver en retard à la Cour occasionnellement, pour des raisons familiales. Maintenant, je le dis ouvertement quand ça arrive», confie Stéphane Ouellet.

L'avocat n'oubliera jamais le mémo d'encouragement que le juge Richard D'Aoust lui a fait parvenir après le décès de Marie-Claude.

«Il m'a donné de la force pour continuer», dit-il doucement, laissant filtrer une fine pointe d'émotion.

Au moment de l'entrevue réalisée avec Stéphane et Léa, à quelques jours de la fête des Mères, la complicité liant le père et la fille avait quelque chose de touchant. Comme si l'amour et la résilience s'étaient acoquinés.

«Je suis débordant d'admiration envers les femmes qui ont des enfants. Le départ de Marie-Claude m'a fait réaliser l'importance d'une mère. Je suis certain que beaucoup d'hommes passent à côté de ça. Moi et Léa, on a un message pour les mamans, incluant Marie-Claude: on vous admire toutes, sans exception», a-t-il exprimé, le bras drapé sur l'épaule de sa fille.