L'Association de la construction du Québec (ACQ) veut rebâtir l'image et la crédibilité de l'industrie en proposant un programme d'intégrité aux entrepreneurs. Du coup, les participants pourraient afficher un logo certifiant qu'ils sont dignes de confiance.

«Ce n'est pas un règlement, c'est un changement de culture qu'on veut mettre en place. Ça fait 5 ans qu'on est dans une crise. Il faut en sortir», affirme Pierre Hamel, directeur des services juridiques de l'ACQ, qui représente 16 000 entrepreneurs partout au Québec.

La multiplication des scandales de corruption, de collusion, d'intimidation et de discrimination qui touchent les différents acteurs de l'industrie de la construction (ingénieurs, entrepreneurs et corps publics) a des répercussions de plus en plus concrètes, indique M. Hamel. S'ajoutent à cela les travaux de la commission Charbonneau, qui «ont assommé les donneurs d'ouvrages».

C'était devenu d'autant plus pressant, indique M. Hamel, que les répercussions sont de plus en plus concrètes. «Tout le monde est inquiet parce que personne ne veut faire affaire avec un fournisseur douteux. Les relations sont plus compliquées, les paiements sont plus lents et on ne sait plus comment nommer les extras qui sont réels», souligne-t-il. Il ajoute que même le secteur privé réclame de plus en plus souvent de connaître les dispositions prises par les entrepreneurs pour garantir leur intégrité.

Adhésion volontaire

C'est ainsi que l'ACQ s'est tournée vers CIRANO en février dernier. L'organisme de recherche a mené une étude notamment pour vérifier les besoins des entrepreneurs, un sondage auprès des citoyens sur les solutions à préconiser ainsi qu'une revue des modèles de lutte contre la corruption et les actions collectives mises en place partout dans le monde. En bout de piste, CIRANO a recommandé la création d'un programme d'intégrité à adhésion volontaire.

«On voulait quelque chose de suffisamment souple pour que ce ne soit pas une corvée réglementaire, mais qui est rassurant aussi pour la population», souligne Pierre Hamel.

L'ACQ réalisera d'abord un projet-pilote avec 5 volontaires jusqu'en octobre prochain. Il s'agira, entre autres pour les entreprises, d'adopter un code d'éthique, de revoir ses pratiques internes, de suivre une formation et de se soumettre à l'examen d'un organisme indépendant. Cette première expérience permettra, par la suite, d'ajuster le tir. Officiellement, le programme se mettra en place l'automne prochain en même temps que le service d'accompagnement que créera l'ACQ.

Affligé par la même tourmente, l'Ordre des ingénieurs a annoncé l'année dernière son intention d'implanter un programme d'audit sur les pratiques d'affaires des firmes d'ingénierie, ce qui leur permettrait d'obtenir une homologation qui ne serait ni plus ni moins qu'une garantie de probité. Le coût du programme, qui bénéficiera aux firmes, dont celles montrées du doigt à la commission Charbonneau, sera assumé par les ingénieurs eux-mêmes. Une augmentation de leur cotisation annuelle a d'abord été bloquée, puis imposée à toute la profession.