Un seul et même fléau sera dénoncé pendant une douzaine de jours aux quatre coins du Québec par plusieurs organisations féministes: la violence contre les femmes.

Une campagne provinciale de sensibilisation sur ce sujet social va s'amorcer lundi. Elle connaîtra son point culminant, le 6 décembre, à l'occasion d'un rassemblement de commémoration de la tuerie de l'École Polytechnique de Montréal.

Selon la coordonnatrice des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, Louise Riendeau, cette campagne n'est vraiment pas un luxe.

Elle raconte que parmi les décideurs et la population en général, «beaucoup de gens pensent qu'on a déjà fait beaucoup pour freiner les conjoints abusifs et que c'est en voie d'être réglé».

Or, Mme Riendeau rapporte que dans les établissements membres de son réseau, sur une base quotidienne, «on voit des femmes qui arrivent dont l'estime est totalement démolie, qui ont développé des problèmes de santé physique et qui sont appauvries par le contrôle économique exercé par leur conjoint».

Elle poursuit en disant que «le jour où elles essaient d'échapper à la violence, la marche est haute et elles se butent à beaucoup d'obstacles».

La présidente de Femmes autochtones du Québec, Viviane Michel, abonde dans le même sens que Louise Riendeau.

Mme Michel soutient qu'il lui arrive de rencontrer des victimes, qui peinent à améliorer leur sort, au sein même de sa petite communauté d'Uashat-Maliotenam sur la Côte-Nord.

D'après elle, des plaintes sont régulièrement déposées, mais ça ne va souvent pas plus loin.

«Comme on est une femme, comme on est autochtone c'est comme si ça ne vaut pas la peine qu'on investisse du temps pour éclaircir notre cas vraiment alarmant», a-t-elle précisé dépitée.

Viviane Michel estime que ce climat de laisser-aller est dévastateur pour les victimes et qu'en plus, elles paient un lourd prix dès l'instant où elles décident de dénoncer leur bourreau.

«Elles font face non seulement à l'agresseur, mais aussi au cercle d'amis, à toute la communauté donc c'est toute une pression sociale», a-t-elle expliqué en entrevue à La Presse Canadienne.

Mme Michel a enchaîné en précisant que les milieux de vie des autochtones sont parfois si petits qu'une femme violentée essayant de s'en sortir risque de «rencontrer son conjoint au coin de la rue».

Dans de pareilles conditions, elle peut être tentée de garder le silence.

Or, Louise Riendeau avance que «si on n'est pas capable de persister dans le système de justice, les contrevenants restent dans l'impunité et ça leur permet de continuer à dire qu'ils ont le droit de faire ça».

À son avis, pour corriger le tir, une série de mesures sont nécessaires: «Ça prend un système de justice qui fonctionne, du soutien pour les victimes et surtout de la sensibilisation».

Mme Riendeau se promet, d'ailleurs, de profiter de la campagne, qui doit débuter lundi, pour «envoyer des messages à la population, aux femmes violentées et aux décideurs publics».

Ce n'est pas un hasard si cette initiative va prendre son envol le 25 novembre.

En 1999, l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies avait déterminé que cette date correspondrait désormais à la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.