Depuis quelques mois, deux nouveaux tronçons de l'autoroute 35, devant être prolongée pour relier Montréal à Boston, traversent les terres agricoles de la région de Saint-Jean-sur-Richelieu. Mais à l'exception de quelques cyclistes, personne ne circule encore sur l'asphalte flambant neuf de ce projet dont les coûts s'élèvent à 460 millions. Car il manque entre autres une importante section de route à la hauteur de la municipalité de Saint-Alexandre. Un véritable «trou», causé par des conflits administratifs qui ont déjà retardé de plusieurs mois l'ouverture de cette portion de la nouvelle autoroute.

Dans un communiqué publié en mai 2010, le ministère des Transports mentionnait que le premier tronçon de l'autoroute 35 ouvrirait en 2013, et que la totalité du projet serait livrée en 2016.

Mais des retards ont déjà été accumulés. Si bien que la première portion de l'autoroute n'ouvrira pas avant la fin de 2014. Et aucun échéancier n'est donné pour le projet en entier.

«C'est que la municipalité de Saint-Alexandre a demandé de déplacer leur échangeur. Il y a eu des retards à ce niveau-là», explique Benoît Lachance de la direction de l'est de la Montérégie pour le ministère des Transports du Québec.

Rapprocher l'autoroute

La municipalité de Saint-Alexandre n'était pas satisfaite du tracé initial de l'autoroute 35. «Initialement, l'échangeur était situé à plus de deux kilomètres du coeur de la municipalité. On voulait qu'il se rapproche de notre secteur industriel, explique le maire de Saint-Alexandre, André Bergeron. On a contesté le tracé devant les tribunaux et on a obtenu gain de cause. Mais ça a été long.»

Le Tribunal administratif du Québec a donné raison à Saint-Alexandre en décembre 2012 et accepté que l'échangeur de l'autoroute 35 se rapproche de la municipalité. Mais d'autres autorisations doivent encore être accordées avant que l'échangeur ne soit déplacé.

«On attend entre autres le feu vert du ministère de l'Environnement et du conseil des ministres», explique M. Lachance.

Pour éviter que les délais ne s'allongent encore, le ministère des Transports relancera bientôt les travaux visant à terminer le premier tronçon de l'autoroute 35.

En attendant, le «trou» de Saint-Alexandre sera comblé par un viaduc qui n'aura toutefois ni entrée ni sortie. Si le gouvernement accepte finalement de rapprocher l'échangeur de Saint-Alexandre, un deuxième viaduc sera construit à 1,8 km du premier.

Vers nulle part

La deuxième portion du prolongement de l'autoroute 35 qui doit relier Saint-Sébastien à la frontière américaine est également loin d'être terminée. Des expropriations sont encore en cours. «Nous en sommes à la préparation de l'avant-projet», explique M. Lachance, qui confirme qu'il n'y a pas encore d'échéancier pour cette portion du chantier.

Le maire de la municipalité de Saint-Armand, située à la frontière américaine, Réal Pelletier, mentionne qu'avec l'élection du nouveau gouvernement à Québec, l'an dernier, le dossier du prolongement de l'autoroute 35 a été retardé. «Il y a trop de dossiers de transport plus importants, comme l'échangeur Turcot, dit-il. Au départ, l'autoroute 35 devait être terminée au plus tard en 2016-2017. Mais maintenant...»

Au Secrétariat du Conseil du Trésor, on mentionne que les budgets pour la dernière portion de l'autoroute 35 ne sont pas encore attribués. «La réalisation des deux derniers segments sera examinée dans le cadre de l'élaboration du prochain Plan québécois des Immobilisations (2014-2024)», explique le directeur des communications du Secrétariat, Jean Auclair.

«On va devoir attendre avant d'avoir l'autoroute. Au Québec, il y a beaucoup d'intervenants. C'est dur de mettre tout le monde d'accord rapidement», conclut M. Pelletier.

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De Montréal à la frontière en 40 minutes

Le prolongement de l'autoroute de la Vallée-des-Forts est attendu depuis plusieurs années en Montérégie. En tout, 37,9 km de voies rapides doivent être construits entre Saint-Jean-sur-Richelieu et la municipalité de Saint-Armand, près de la frontière américaine.

Ce lien permettra de relier directement Montréal à Boston. Actuellement, les automobilistes qui souhaitent gagner la frontière américaine pour emprunter l'Interstate 89 et se rendre à Boston doivent parcourir la route 133, une route de campagne qui traverse plusieurs municipalités.

«Avec le prolongement de l'autoroute 35, la frontière ne sera plus qu'à 40 minutes de Montréal», explique le maire de Saint-Armand, Réal Pelletier. Présentement, franchir cette distance prend plus d'une heure. Le maire Pelletier ajoute que le prolongement de l'autoroute 35 sera bénéfique pour tous les Québécois. «Il y aura une alternative intéressante à la frontière de Lacolle», explique-t-il.

Le prolongement de l'autoroute permettra aussi à plusieurs municipalités de la Montérégie de développer leur économie. «Des entreprises vont venir s'installer ici», dit-il.