Même s'ils viennent de recevoir des chèques de 10 000$ à 250 000$ dans la foulée de leur recours collectif, les victimes d'agressions sexuelles commises par des frères de Sainte-Croix se disent déçues par les excuses de la congrégation religieuse.

Dans une lettre accompagnant la somme d'argent envoyée à chaque victime, le supérieur provincial des frères de Sainte-Croix demande pardon «pour la souffrance causée par les enseignants et le personnel qui détenaient un poste de confiance et d'autorité auprès des élèves». À la ligne suivante, Jean-Pierre Aumont ajoute que «de tels actes n'auraient jamais dû survenir».

Les lettres sont datées du 10 juillet dernier, et ces envois devaient conclure le volet civil de cette affaire. Au total, 12 millions de dollars ont été remis aux victimes.

Sébastien Richard, porte-parole de l'association des victimes, a indiqué en entrevue avec La Presse qu'il est fâché de voir que la congrégation religieuse ne reconnaît pas clairement que des agressions sexuelles ont été commises.

«Il faut appeler un chat un chat, a-t-il lancé. On voit que la lettre a été composée par les avocats des Sainte-Croix et par leurs conseillers en relations publiques pour ne pas les embêter d'un point de vue juridique.»

Selon M. Richard, la possibilité de voir les lettres d'excuses utilisées contre des religieux de Sainte-Croix lors d'éventuels procès criminels a pu influencer leur écriture.

«Si on a fait toute cette démarche-là, c'était pour obtenir des compensations monétaires, mais surtout pour recevoir des excuses qui soient sincères», a déploré l'homme.

Au moment de conclure une entente avec les victimes, la congrégation avait mis en ligne une vidéo dans laquelle le père supérieur de la congrégation évoquait «les abus sexuels» commis par des religieux. «Certains membres de notre congrégation ont failli à leur engagement et à leur mission, a-t-il ajouté. Ces actes n'auraient jamais dû se produire.»

La Presse n'a pas réussi à joindre Jean-Pierre Aumont. Le cabinet d'avocats avec lequel la congrégation a fait affaire pour se défendre, Fasken Martineau, n'avait pas répondu aux questions au moment de mettre sous presse, dimanche soir.

Poursuites criminelles

La réception des chèques signe le dernier chapitre du recours collectif organisé par les victimes.

L'entente finale avait été approuvée par la Cour supérieure au début du mois de juillet. Les chèques ont été reçus par les victimes au cours des deux dernières semaines.

Pendant des mois, l'association s'était plainte des délais engendrés par les procédures judiciaires. Certaines contestations déposées par les frères de Sainte-Croix avaient retardé le processus, selon les victimes.

Si le volet civil de ce dossier est terminé, des procès criminels devraient suivre.

Déjà, dans les derniers jours de l'année 2012, des mandats d'arrêt avaient été lancés contre deux religieux - les frères Georges Sarrazin (91 ans) et Olivain Leblanc (70 ans). Ils ont été accusés d'attentat à la pudeur, de grossière indécence et de sodomie.