L'Agence métropolitaine de transport (AMT) a avisé hier le maire de Mirabel, Hubert Meilleur, qu'elle va «surseoir pour une période indéterminée» au projet d'aménager une nouvelle gare de train de banlieue dans cette municipalité de la banlieue nord, en raison des vives dissensions que ce projet suscite depuis longtemps.

Dans une correspondance adressée hier au maire Meilleur que La Presse a obtenue, le vice-président à la planification de l'AMT, Michel Veilleux, affirme qu'«objectivement, force est de constater qu'aucune unanimité sur la localisation favorisée de la gare ne ressort de cet état de situation».

Le vice-président de cette agence gouvernementale, responsable des trains de banlieue de la région métropolitaine, écrit que l'AMT sera «ouverte à réévaluer l'opportunité du projet ou de variantes de celui-ci», si le projet faisait un jour l'objet «d'une position favorable et commune de l'ensemble des intervenants».

C'est loin, aujourd'hui, d'être le cas.

La décision de l'AMT survient au lendemain d'un événement de presse local lors duquel un regroupement de promoteurs immobiliers de Mirabel a apporté son appui à la construction de la gare sur un terrain situé en zone agricole dans le secteur de Saint-Janvier, «en retrait de la rue Victor, du côté nord, à l'ouest de la voie ferrée».

Cet emplacement, souhaité par la Ville, a déjà fait l'objet de trois décisions défavorables devant les tribunaux. La Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) a refusé de changer le statut du terrain zoné agricole pour la construction d'une gare à deux reprises, en 2006 et 2010. Le tribunal administratif a maintenu cette dernière décision, en appel, en 2011

La même année, la Ville de Mirabel a décidé de se prévaloir d'un article de la loi sur la protection des terres agricoles, pour entreprendre une expropriation de 31 000 mètres carrés de terrain en bordure d'une rue déjà desservie par des réseaux municipaux d'eau et d'égout - soit la rue Victor.

Mais en mars dernier, l'opposition soutenue de l'UPA locale contre ce projet, qui touche deux entreprises agricoles, et de la députée provinciale de Mirabel, Denise Beaudoin, a incité le ministre de l'Agriculture, François Gendron, à commander un nouvel avis sur le projet de gare à la CPTAQ. Cette décision du ministre Gendron a aussitôt été dénoncée par le maire de Mirabel, Hubert Meilleur.

Mercredi, dans un communiqué de la Ville et du CLD Mirabel, les partisans du projet ont accusé l'UPA d'«intransigeance» et «d'entêtement», tout en prônant une «cohabitation harmonieuse des usages de terres agricoles».

Les promoteurs immobiliers réunis sous l'appellation Promotion résidentielle de Mirabel, qui ont apporté leur appui au projet mercredi, ont tous des projets de lotissements en cours dans un rayon de quelques kilomètres autour de l'endroit privilégié par la municipalité. Leur campagne de vente est d'ailleurs principalement axée autour de l'arrivée prochaine de la ligne de train de banlieue Blainville-Saint-Jérôme, qui traverse le secteur Saint-Janvier depuis plus de 7 ans, sans toutefois s'y arrêter.

L'AMT a refusé de faire tout commentaire, hier. La Presse n'a pu joindre le maire de Mirabel en fin de journée.