Le spectre d'une grève de la construction s'approchait dangereusement,samedi, quand les négociations entre les syndicats de l'industrie et les associations patronales se sont heurtées à un mur.

Les discussions entourant l'adoption d'une nouvelle convention collective ont été rompues à 13h par les représentants syndicaux, mécontents de l'offre « totalement inacceptable » déposée par leurs vis-à-vis. « C'est un énorme manque de respect », a déploré Yves Ouellet, porte-parole de l'Alliance syndicale. « C'est comme s'ils nous disaient : "Allez-y en grève, on va voir ça" ».

En soirée, son organisation a évoqué « une volonté réelle des patrons d'appauvrir les travailleurs de la construction ». L'Alliance syndicale s'est dite ouverte à négocier, mais pas à n'importe quel prix. « Il faudra que les associations patronales acceptent de remettre en question leurs demandes, qui constituent un recul de 40 ans pour les travailleurs de l'industrie », a indiqué l'organisation. Selon Yves Ouellet, les hausses salariales proposées dans les secteurs résidentiels et IC-I sont en deçà de l'indice des prix à la consommation, évalué à 2 pour cent par an.

De son côté, l'Association de la construction du Québec (ACQ) a reproché à l'Alliance syndicale d'envoyer « 100 000 travailleurs à la rue » en refusant son offre. « Une grève aura un impact, non seulement sur les travailleurs et leur famille, mais sur l'ensemble de la population québécoise. L'ACQ est toujours disponible pour négocier et attend l'appel des syndicats », a indiqué l'association dans un communiqué. Les leaders syndicaux ont obtenu un mandat de grève de leurs membres et pourraient les appeler à débrayer dès la première minute de la journée de lundi.

Loin d'une entente

Les deux parties doivent régler de multiples questions avant d'en arriver à une entente. Durée de la semaine de travail, clause salariale et mobilité de la main-d'oeuvre ; il reste bien du pain sur la planche avant d'en arriver à une entente, selon M. Ouellet. À Québec, la classe politique s'est dite inquiète devant la possibilité d'un conflit de travail.

Une grève ou un lock-out serait « très dommage » pour l'économie québécoise, a noté la ministre du Travail, Agnès Maltais, cette semaine à l'Assemblée nationale. Elle a toutefois tenu à rassurer la population sur l'évolution des pourparlers avant dimanche soir. « C'est normal que ça joue des bras et que ça brasse un peu, a affirmé Mme Maltais. Jusqu'à la fin, ils vont utiliser le rapport de forces. »

Le chef libéral Philippe Couillard, pour sa part, a demandé « aux parties de recommencer à négocier ». « Ce qui me préoccupe, c'est l'impact pour les 175 000 familles des travailleurs de la construction, l'impact pour l'économie du Québec », a-t-il affirmé dimanche en marge d'une réunion militante.

Sam Hamad, ex-ministre du Travail, a dit croire la grève inévitable, les syndicats ayant amassé un imposant fonds de grève et voulant forcer la main du gouvernement sur le placement en région.

L'Alliance syndicale représente 175 000 travailleurs regroupés dans les cinq grands syndicats de la construction.