La police de Montréal s'est adressée à la Régie des alcools hier pour révoquer les permis du café Couture, un établissement de Saint-Léonard lié au mafioso Giuseppe De Vito où il ne se vend pas beaucoup de café ou de bière.

Même si les régisseurs ont mis la cause en délibéré, leur décision ne devrait pas être trop difficile à prendre puisque les représentants du café italien ont rapporté eux-mêmes leurs permis d'alcool au bureau de la Régie la veille de l'audience.

Le café Couture, situé sur le boulevard du même nom à l'est de la rue Viau, est très connu par la police comme un endroit de vente de stupéfiants.

Audacieuse opération

L'établissement a fait l'objet d'une audacieuse opération en octobre dernier, alors que les enquêteurs y ont infiltré deux agents doubles, camouflés en serveuse et en acheteur régulier. C'est le responsable du café à l'époque, Antonio Terriaca, qui, n'y voyant que du feu, a embauché lui-même la serveuse, car «il voulait avoir une fille pour mettre de l'ambiance», a raconté l'enquêteuse de la section moralité Catherine Lamy aux régisseurs. Terriaca ne croyait pas si bien dire. Le 10 octobre, il a été arrêté pour trafic de stupéfiants et blanchiment d'argent parce qu'il aurait tenu un bureau de change où il aurait blanchi l'argent de la drogue, selon la police. La cause est toujours pendante.

Pour en revenir à la fausse serveuse, durant l'enquête, elle aurait été témoin de dizaines de transactions de stupéfiants d'une valeur totale de 1000 à 2000$ par semaine. Elle n'a jamais vu ou parlé aux propriétaires et n'a jamais servi un seul repas.

«On lui a dit: «Il y a des Michelina's dans le congélateur. Si jamais un client qu'on ne connaît pas vient ici et demande à manger, tu lui fais chauffer un repas congelé dans le micro-ondes» «, a raconté l'enquêteuse Lamy.

Dix jours après l'opération, un nouveau vendeur était déjà en poste au café Couture et les sachets de cocaïne dépassaient des tasses sous lesquelles ils avaient été cachés.

Les policiers y sont retournés pas plus tard que le 23 mai dernier et, encore une fois, même résultat, sauf que la drogue était cachée dans la table de billard.

Si la police obtient la révocation des permis, l'enquêteuse Lamy veut ensuite s'adresser à la Ville de Montréal pour contester le permis d'occupation.

Elle craint visiblement que le café, qui ne sera plus soumis à LIMBA, donc moins étroitement surveillé par la police, continue d'être un point de vente de stupéfiants. Selon nos sources, ce serait le cas d'autres cafés italiens dont les permis d'alcool ont été révoqués.