Préoccupé par l'arrestation de 14 ingénieurs à Laval et par les révélations entendues à la commission Charbonneau, l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) estime que les firmes de génie doivent maintenant démontrer leur intégrité pour décrocher des contrats publics.

«Les firmes devraient avoir l'obligation de démontrer hors de tout doute leur plus haute intégrité si elles veulent obtenir des contrats publics», dit son président, Daniel Lebel. La présence de 14 ingénieurs parmi les 37 personnes arrêtées jeudi à Laval le conforte dans sa conviction que l'OIQ devrait pouvoir enquêter sur les firmes de génie, ce qu'il n'a pas le droit de faire pour l'instant.

«On pourrait vérifier leur gestion des contrats, la surveillance des chantiers. Ce serait aller plus loin que le membre, aller voir comment les firmes travaillent», dit Daniel Lebel.

L'OIQ confirme d'ailleurs que la majorité des 14 ingénieurs arrêtés jeudi étaient déjà l'objet d'une enquête de leur syndic. M. Lebel précise que les autres le seront sous peu. Les démarches pourraient toutefois être longues, dit-il, puisque les témoignages faits devant la commission Charbonneau ne peuvent être utilisés.

Rappelons que les dirigeants de cinq firmes de génie - SNC-Lavalin, Dessau, Genivar, BPR et Génius - ont admis leur participation à un stratagème de partage des contrats à Montréal. Ils ont indiqué que toutes les firmes avaient pris part au système. Soulignons que deux des dirigeants qui ont témoigné, Rosaire Sauriol et François Perreault, ont été arrêtés jeudi par l'Unité permanente anticorruption (UPAC) au cours de la frappe à Laval.

Quel représentant?

Si elle souhaite pouvoir enquêter sur les firmes, l'Ordre des ingénieurs n'a pas l'intention de les représenter dans d'éventuelles négociations avec la Ville de Montréal, qui souhaite obtenir un remboursement des sommes payées en trop. «L'Ordre n'est pas là pour représenter les firmes ni le gouvernement, on est là pour la protection du public», affirme Daniel Lebel.

En fait, on ne se bouscule pas au portillon pour servir de porte-parole dans d'éventuelles négociations que le maire Michael Applebaum souhaite mener en ce sens.

L'Association des ingénieurs-conseils du Québec, qui représente les firmes de génie, n'a pas non plus l'intention d'y prendre part. «Il appartiendra à chaque firme concernée de décider si elle souhaite participer à une négociation sur la question d'un remboursement», a indiqué son directeur des communications, Pierre Nadeau.

L'Association des grands travaux routiers du Québec juge quant à elle qu'il est «prématuré» de se prononcer sur la question de négociations sur un remboursement.