Nombreux étaient les coureurs québécois à participer au marathon de Boston, lundi. Certains d'entre eux étaient tristement aux premières loges des deux explosions qui ont fait au moins trois morts et plus d'une centaine de blessés.

Le Montréalais Jean-Claude Drapeau a traversé la ligne d'arrivée tout juste une minute avant l'explosion. «J'avais fait une centaine de pieds après la ligne. Le temps de se revirer de bord et de se dire «c'est une explosion, il faut avancer», on a entendu une autre explosion un peu plus loin», a raconté l'éducateur physique à la retraite, avec un calme olympien.

Les bénévoles de l'événement, a-t-il ajouté, n'ont pas perdu leur sang froid.  «Quand on termine le marathon, on est toujours dans un état d'extase et de grande fatigue. Il fallait que les bénévoles restent en contrôle de leurs émotions pour nous remettre nos couvertures d'aluminium. Sinon, dans le temps de le dire, on aurait pu tomber en hypothermie.»

Le comédien québécois Eric Hoziel se trouvait dans la zone familiale, à 150 mètres du fil d'arrivée, quand il a entendu la détonation. Vingt minutes plus tôt, il franchissait l'arrivée sous les yeux de sa conjointe et ses enfants de 9 et 11 ans. Aux abords, la circulation était compliquée. «Ça prenait du temps pour dégager le lieu, c'est pour ça que même si j'avais fini ma course, j'étais encore proche, explique-t-il. Les gens qui ont peut-être mis la bombe savaient qu'il y aurait beaucoup de monde à ce moment-là...enfin on sait pas.»

M. Drapeau, 66 ans, a fait le voyage à Boston avec un groupe de 56 coureurs québécois. Lundi, il attendait toujours des nouvelles de trois d'entre eux. «On croise les doigts. Il semble qu'aucun coureur n'ait été affecté. Ce sont des spectateurs qui ont été atteints, à cinq mètres de la ligne d'arrivée, juste devant les estrades bondées.»

Il n'a pas été surpris outre mesure par l'attentat. «Le marathon de Boston, c'est l'événement le plus prestigieux dans la course à pied après les Jeux olympiques; c'est 27 000 coureurs, des millions de spectateurs sur le parcours de 42 km. Sans présumer de rien, pour faire du tort aux États-Unis, c'est l'événement tout choisi», a-t-il précisé.

Soufflée par l'explosion

Audrey Burt, de Candiac, a longtemps rêvé de sa participation au marathon de Boston. «Ça devait être un des jours les plus heureux de ma vie», a-t-elle dit au bout du fil en avalant un sanglot. «Au lieu de ça, je suis tellement triste. Il y a des gens qui ne s'en sortiront pas», a-t-elle témoigné de sa chambre d'hôtel, encore sous le choc.

Mme Burt était à quelque 200 m de la ligne d'arrivée quand elle a entendu l'explosion. «Je me suis dit que c'était un canon, que l'armée faisait une salve d'honneur, mais j'ai rapidement réalisé que ça n'avait aucun sens.» Son instinct lui a dicté de prendre une rue de traverse. «Dès que j'ai été en sécurité, j'ai ressenti le souffle de l'explosion», a-t-elle rapporté. Lundi, elle ne rêvait que d'une chose: rentrer à la maison avec sa famille.

Tout comme Mme Burt, Marie-Pierre Chalifoux et Monique Raymond, de Montréal, étaient elles aussi à quelque 200 m du lieu de la déflagration. «Nous avions fini la course et nous attendions l'autobus quand nous avons entendu les explosions. Les gens couraient partout», a relaté Mme Chalifoux. Lorsqu'elle s'est approchée du lieu de l'impact, elle a vu une coureuse asiatique complètement déboussolée. «L'explosion a eu lieu au moment où elle a mis le pied sur la ligne d'arrivée. Elle a raconté qu'il y avait de la vitre, des projectiles», a ajouté Mme Chalifoux.

- Avec la collaboration d'Annabelle Blais et d'Yves Boisvert