L'ex-imam montréalais Saïd Jaziri, célèbre pour ses frasques judiciaires, a fondé un parti de tendance salafiste en Tunisie qui prône l'introduction de la charia dans la Constitution. Néanmoins, il n'a pas tiré un trait sur sa volonté de revenir au Canada, pays dont il est banni depuis son expulsion, en 2007.

« C'est mon droit, il y a des procédures en cours, mais mon devoir en ce moment est d'aider mon pays, qui est en pleine révolution, et de lui apporter des solutions », a-t-il indiqué lors d'un entretien au téléphone depuis Tunis.

Dans une entrevue accordée à La Presse au printemps 2011 de sa cellule aux États-Unis, Saïd Jaziri exprimait déjà son souhait de revenir à Montréal et, surtout, il promettait d'être « un imam modéré ». Il disait qu'il avait compris que l'islam radical « ne mène à rien ». Or, quelques mois après son retour en Tunisie à la suite de son départ forcé du territoire américain, Said Jaziri a fondé « Al Rhama » (la miséricorde), un parti que l'on dit inféodé au salafisme.

Le principal intéressé, qui revendique des milliers d'adeptes, réplique qu'il n'a fait que répondre à une « demande du peuple », qui « veut la charia » et en « a assez d'être écrasé et de ne pas être écouté ».

Controversé aussi en Tunisie

Toutefois, l'intrusion du controversé imam dans l'arène politique tunisienne a déclenché de vives réactions - surtout depuis l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd, farouche opposant au gouvernement du parti islamiste Ennahda. Plusieurs internautes tunisiens n'ont pas manqué de rappeler les démêlés de l'imam au Canada et aux États-Unis, ou lui ont suggéré de partir vers l'Arabie saoudite, « pays qui applique la charia ».

« C'est leur opinion, mais tout le monde peut cohabiter en Tunisie », dit-il. Il ajoute que son parti « a dénoncé cet assassinat ». Il fait remarquer, du même souffle, que les « salafistes gardent leur calme et leur sang-froid » dans son pays.

Saïd Jaziri a été expulsé du Canada vers la Tunisie en 2007 à la suite d'une longue bataille judiciaire. Son statut de résident a été révoqué parce que l'ex-imam montréalais avait caché ses antécédents judiciaires de violence en France, au milieu des années 90. Il a resurgi dans l'actualité en décembre 2011 après que des douaniers américains l'eurent découvert caché dans le coffre de la voiture d'un passeur, près de San Diego.

Il avait quitté la Tunisie lors de la révolution qui allait provoquer la chute du régime Ben Ali et a tenté de revenir au Canada via le Mexique, puis les États-Unis. Par la suite, il a expliqué au Journal de Québec que le « Canada avait sous-traité » sa torture en Tunisie.

Sa femme, qui réside à Laval, est vice-présidente de l'association qui possède la mosquée Al Qods, rue Bélanger, édifice évalué à 1,2 million.