La surpopulation ou les installations vétustes n'y feront rien. Trois des quatre projets de centre de détention dans les cartons du gouvernement Marois resteront en plan pour au moins deux ou trois ans encore. Seul l'établissement prévu à Roberval, dont la construction est amorcée, sera réalisé à court terme.

Le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, se promet d'infléchir la décision à venir du Conseil du Trésor, mais d'ores et déjà, le gouvernement sera forcé de rendre publique en mars une longue liste de projets de construction, déjà annoncés, qui ne pourront démarrer aussi vite que prévu. Déjà, l'agrandissement d'hôpitaux, réclamé depuis longtemps en région, est destiné à la voie de garage. Les prisons ne seront pas la priorité.

Au cabinet du ministre Bergeron, hier soir, on a toutefois souligné que tous les projets suivraient leur cours, et que de toute façon, il fallait toujours deux ou trois ans pour boucler de telles immobilisations.

Augmentation des détenus

En commentant une série de reportages de La Presse, le ministre Bergeron a indiqué que l'entrée en vigueur de la Loi sur la sécurité des rues et des communautés (C-10), qui fixe des peines minimales pour certains délits, fera exploser le nombre de détenus des prisons provinciales - où les peines sont de moins de deux ans. Ces nouvelles dispositions risquent d'amener de 500 à 1000 détenus de plus dans des établissements déjà bondés.

Bien représenté au Conseil des ministres, le Saguenay verra son projet aller de l'avant. Le centre de détention de 115 millions, déjà en phase de construction, est par ailleurs beaucoup plus avancé. En décembre, le responsable du Conseil du Trésor, Stéphane Bédard, avait indiqué que tous les projets d'immobilisations seraient réévalués, hormis ceux dont les travaux étaient amorcés.

Les autres projets sont à l'étape des plans et devis détaillés. Une fois cette étape terminée, ils seront de retour devant le Conseil du Trésor pour une nouvelle autorisation. Le ministre Stéphane Bédard, en dévoilant une étude de Secor-KPMG sur les dérapages des coûts des projets d'immobilisations, avait indiqué qu'on retrancherait dans les prochaines années 1,5 milliard des 9 milliards d'investissements annuels en immobilisations.

Le plan quinquennal d'immobilisations est par conséquent réduit de plusieurs milliards. Le plan d'immobilisations en cours prévoit que des décaissements très importants sont nécessaires, dans les trois prochaines années, pour payer les factures des deux grands hôpitaux de Montréal.

Des projets attendus

À Sept-Îles, où des détenus couchent sur le sol et font des activités physiques dans un centre de loisirs, faute d'espace dans la prison, on parle d'une nouvelle construction depuis 27 ans. Le ministre Jacques Dupuis avait annoncé un projet de 68 millions en 2008. Dix ans plus tôt, son prédécesseur Serge Ménard avait promis la fermeture du vieux centre de détention, qu'on avait finalement rénové.

À Amos, où on attend le projet «comme la terre sèche attend la pluie», selon le maire Ulrick Chérubin, on ne se fait pas d'illusions. «Les attentes sont grandes, mais nos espoirs sont minces», avait-il soutenu quand Québec avait révélé l'ampleur de ses problèmes avec les factures d'immobilisations.

À Sorel, on attend aussi un nouveau centre de détention en remplacement de la prison actuelle, vétuste.