Proche des républicains à l'époque de George W. Bush aux États-Unis, du Parti libéral (PLQ) au Québec, du Parti conservateur à Ottawa et du président Ernest Koroma en Sierra Leone, Arthur Porter se serait aussi lié au pouvoir politique des Bahamas, en s'associant avec le conseiller spirituel du premier ministre. Un homme que l'ambassade des États-Unis considère comme l'un des plus influents et des plus controversés du pays.

Le site web de la clinique privée du Dr Porter à Nassau précise que l'un des membres du conseil d'administration est l'évêque autoproclamé de la Mount Tabor Full Gospel Baptist Church, Neil Ellis.

À la tête d'une église de 7000 membres qu'il a fondée à la fin des années 80, M. Ellis connaît un grand succès financier qui lui a valu les attaques de certains médias locaux, critiques de son train de vie prospère et de sa maison évaluée à 1 million dans un quartier chic de Nassau. Son église emploie 27 employés à temps plein, dont 2 pour gérer sa banque et ses services d'assurances.

Des câbles diplomatiques américains secrets rendus publics par le site WikiLeaks décrivent le religieux comme un «poids lourd politique» et «un des personnages les plus controversés des Bahamas». Il serait devenu un incontournable de la vie politique du pays, notamment grâce à son rôle de conseiller spirituel du premier ministre Perry Christie et à sa capacité de mobiliser ses fidèles en campagne électorale.

Cette proximité avec les leaders politiques n'est pas nouvelle pour Arthur Porter. Sa biographie le présente comme le conseiller personnel du président de la Sierra Leone, son pays natal. Il était d'ailleurs ambassadeur plénipotentiaire de ce pays au Canada jusqu'à récemment.

Porter a été la cible de critiques lorsque le National Post a révélé qu'il représentait ce pays étranger au Canada tout en étant président du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, un organisme fédéral qui scrute le travail des espions canadiens.

C'est le premier ministre Stephen Harper qui l'avait nommé à ce poste, où il a siégé aux côtés de son ami et associé - pendant une brève période -, l'ex-ministre de la Santé libéral Philippe Couillard. M. Harper avait aussi nommé Arthur Porter membre à vie du Conseil privé de la reine pour le Canada. Porter fréquentait aussi le sénateur conservateur David Angus, qui présidait le conseil d'administration de son centre hospitalier.

Pendant son séjour au Canada, le Dr Porter avait versé 3300$ aux conservateurs et 6000$ au PLQ.

Ses contributions politiques ont toutefois été beaucoup plus élevées lorsqu'il dirigeait un centre hospitalier de Detroit, au début des années 2000. Il avait alors versé plus de 37 000$ au Parti républicain, dont une partie pour la campagne électorale qui a reporté au pouvoir George W. Bush et son vice-président Dick Cheney en 2004.

Selon un reportage de L'actualité médicale, Porter avait été choisi par le président Bush pour devenir Surgeon General, c'est-à-dire grand patron de la santé publique aux États-Unis, mais il avait refusé l'offre en raison de différends d'opinion avec le président.

- Avec la collaboration de Francis Vailles