Le gouvernement Marois donnera «incessamment» le feu vert à la création de milliers de places supplémentaires en garderie à 7$ par jour.

L'état précaire des finances publiques ne freinera pas le Parti québécois (PQ) dans sa volonté de réaliser sa promesse envers les familles qui coûtera au moins 177 millions de dollars à terme.

Dans une entrevue accordée à La Presse, la ministre de la Famille, Nicole Léger, a affirmé qu'un appel de projets pour la création d'environ 15 000 places subventionnées sera lancé bientôt. «Je vais faire l'annonce incessamment, dans quelques jours, quelques semaines», a-t-elle dit.

En campagne électorale, la première ministre Pauline Marois s'était engagée à ce que «tous les enfants du Québec aient accès à une place en service de garde à 7$». «Le Québec doit pouvoir ainsi compter sur 250 000 places pour répondre aux besoins des familles», précisait sa plateforme électorale. Dans son cadre financier, le PQ a indiqué que sa promesse de «compléter le réseau» se traduirait par l'ajout de 15 000 places durant le mandat, au coût de 177 millions.

Or, Nicole Léger reconnaît que «pour se rendre à 250 000 places, il en manque plus que 15 000».

Le réseau subventionné compte en effet 215 000 places à l'heure actuelle, réparties dans des centres de la petite enfance (CPE), des garderies privées et des garderies en milieu familial. Il coûte environ 2 milliards de dollars par an.

L'an dernier, le gouvernement Charest a lancé un appel de projets pour la création de 15 000 nouvelles places d'ici à 2016. Il a pris fin en février. Pas moins de 2154 projets ont été déposés. Seulement 46 ont été retenus jusqu'à présent; 1608 places ont ainsi été attribuées. Un peu plus de la moitié de tous les projets déposés ont été jugés non admissibles par le ministère de la Famille, ce qui a soulevé des critiques. Des comités consultatifs régionaux ont étudié les projets admissibles et, pour la plupart, ont déjà fait leurs recommandations au gouvernement. Ils ont été mis sur pied par le gouvernement Charest, en réaction au scandale sur l'attribution de places en 2008.

Compléter le réseau

Nicole Léger fait à l'heure actuelle un «état de situation» afin de vérifier si les 15 000 places des libéraux sont bel et bien en cours de réalisation. Elle veut dissiper le flou qui, selon elle, entoure la création de places depuis 2003. Les libéraux ont annoncé «plusieurs fois les mêmes places», a-t-elle déploré. Ils se sont targués d'avoir créé 18 000 places en 2008, alors que, dans les faits, presque le quart d'entre elles ne se sont jamais concrétisées. «J'essaie de rendre transparent ce qui ne l'a pas été pendant des années», a lancé Nicole Léger.

Les 15 000 places promises par le PQ s'ajoutent à celles annoncées par les libéraux. Mais la ministre a laissé entendre que le gouvernement pourrait en créer davantage afin de combler le besoin de 250 000 places. «Notre engagement, c'est un enfant, une place, a-t-elle affirmé. C'est sûr qu'on va le respecter.»

Les nouvelles places seront attribuées principalement aux CPE - sans but lucratif - et aux garderies en milieu familial. Les garderies privées auront aussi leur part, mais dans une moindre mesure que sous les libéraux. «Il faut s'assurer qu'on puisse répondre à la demande, alors tout le monde va être mis à contribution», a expliqué Nicole Léger.

Pour justifier sa décision de créer des places, le gouvernement Marois brandira une étude de la Chaire de recherche en finances publiques de l'Université de Sherbrooke. Celle-ci conclut que pour chaque dollar investi dans les services de garde, Québec reçoit 1,04$ en entrées fiscales.

Le PQ a promis de geler le tarif à 7$ par jour «aussi longtemps que le réseau ne soit pas complété». Comme les libéraux avaient prévu d'indexer le tarif, le gouvernement Marois doit trouver 47 millions pour combler le manque à gagner.