La décontamination de l'usine de production d'eau potable Atwater accuse du retard et devrait commencer au plus tôt en novembre. La Ville de Montréal doit reprendre tout le processus d'attribution du contrat, la plus basse offre reçue, de Louisbourg, étant près de deux fois plus élevée que l'évaluation municipale.

La Presse a révélé en juin qu'une pièce de l'immeuble est infestée de champignons depuis au moins deux ans. À l'automne 2010, une douzaine d'employés travaillant dans un atelier de l'usine Atwater s'étaient plaints de maux de tête, de toux et d'irritation des yeux et du nez. Une analyse de l'air avait révélé la présence de moisissures. Une enquête plus approfondie avait permis de découvrir que la contamination provenait d'une seule pièce: la salle de vanne qui sert à contrôler le débit de l'eau potable alimentant Montréal.

La Ville a lancé un appel d'offres à la fin du mois de juin afin de trouver une entreprise prête à corriger la situation. Mais voilà, des deux seules offres reçues, la plus basse était 88% plus plus élevée que l'estimation faite par la Ville. Cette proposition a été formulée par Louisbourg SBC, liée à la famille de l'homme d'affaires Tony Accurso.

Nouvelle estimation

«L'écart est trop important pour qu'on puisse donner le contrat», explique Philippe Sabourin, porte-parole municipal.

Cet écart est d'autant plus étonnant que la Ville disait récemment avoir au contraire constaté une baisse de «20 à 33%» du prix des contrats. Montréal affirme qu'il y a eu «ambiguïté» chez les entreprises et que le nouvel appel d'offres doit être «mieux défini».

Une nouvelle estimation du coût des travaux sera également préparée par une firme spécialisée en décontamination. Toute l'opération retarde les travaux d'environ deux mois, reportant le début des travaux au mois de novembre.

Impossible de connaître le montant des offres soumises par les entreprises, la Ville ne souhaitant pas influencer le nouvel appel d'offres. Quatre entreprises ont pris les documents pour répondre à l'appel d'offres, mais seulement deux ont donné suite: Louisbourg SBC et Trempro construction.

Montréal assure ne pouvoir réaliser ces travaux elle-même. «On n'a pas les ressources ni l'expertise requises. Ce n'est pas juste de mettre des gants en plastique. C'est une technique qui se rapproche de l'enlèvement de l'amiante. Ça prend des habits, des masques respiratoires et une formation spéciale», explique Philippe Sabourin.

Rappelons que les champignons infestent l'isolant servant à protéger de la corrosion les six conduites acheminant l'eau traitée à l'usine vers le réseau de la Ville. «La qualité de l'eau potable n'est pas compromise», tient à réitérer Philippe Sabourin. La sécurité des employés est également assurée, la pièce étant fermée hermétiquement.