Les images de personnes ensanglantées sortant du cinéma d'Aurora au Colorado ont ravivé de mauvais souvenirs pour les victimes et témoins des fusillades de Dawson et de Polytechnique.

Katherine Mandilaras est l'une des 16 personnes qui ont été blessées lors de la fusillade au Collège Dawson en 2006. Elle a reçu une balle tirée par Kimveer Gill juste au-dessus du genou. «Jamais on ne peut oublier ce qui est arrivé. Mais quand des choses comme celle d'hier arrivent, tout nous revient en mémoire. C'est quelque chose de vraiment difficile à oublier», raconte-t-elle.

Katherine n'en veut pas à celui qui l'a blessée et qui a tué Anastasia De Sousa. Elle croit cependant que l'entourage des personnes comme Kimveer Gill et James Holmes, le présumé auteur de l'attentat au Colorado, devrait être plus vigilant et demander de l'aide lorsqu'il détecte que quelque chose ne tourne pas rond. «Le père et la mère de Kimveer Gill pouvaient faire quelque chose. Ce n'est pas correct quand ton fils met des photos de lui avec un fusil sur l'internet. Des professeurs ont aussi dit, après la fusillade, qu'ils pouvaient voir qu'il avait des problèmes. Si tu as des doutes, il faut le dire pour offrir de l'aide à cette personne. Ce n'est pas correct de laisser faire en se disant que ça va passer», affirme-t-elle.

»Pas encore!»

Lorsque Kathleen Dickson a ouvert sa télévision hier matin, elle s'est dit: «Pas encore!» Mme Dickson se trouvait devant l'entrée du Collège Dawson la journée de la fusillade. Elle a vu sa fille, Meaghan Hennegan, qui était à ses côtés, recevoir deux projectiles et s'effondrer au sol. La jeune femme a survécu. «Qui a besoin de ce genre d'arme?», répète-t-elle. «Personne.»

Les six années écoulées l'ont fait réfléchir à comment éviter le genre de tragédie qui vient de frapper Aurora. «Il n'y a pas de réponses faciles. On ne comprend pas ce qui pousse les gens à poser ces gestes. La chose la plus facile à faire, ça serait de s'assurer que personne ne puisse obtenir ce genre d'arme. Ça serait l'étape numéro 1.»

Heidi Rathjen, porte-parole de Polysesouvient, partage cette opinion. Elle déplore que le gouvernement conservateur, en plus d'avoir aboli le registre fédéral d'armes d'épaule, ait affaibli le contrôle des permis et de la vente d'arme par les marchands.

«Après avoir vécu ou été témoin d'une tragédie similaire, c'est sûr que ça rappelle des souvenirs extrêmement douloureux d'autant plus que dans la grande partie des cas, ce sont des tragédies qui auraient pu être évitées en rendant les armes moins accessibles.»