Pierre Lavoie était épuisé, hier, après son quatrième défi de 1000 kilomètres à vélo sur trois jours. De loin la mission la plus difficile de toutes, a-t-il affirmé, mais aussi la plus stimulante, puisqu'il s'agit de celle qui lui a fait prendre conscience que «quelque chose est en train de se passer au Québec»: un grand mouvement en faveur des saines habitudes de vie.

«Le mouvement est là, c'est clair, il y a quelque chose...», a-t-il lancé en balayant du regard le parterre devant le Stade olympique, qui se vidait tranquillement des milliers de personnes venues pour la fin du Grand défi Pierre Lavoie.

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Sa voix était si affaiblie que les gens devaient s'approcher pour bien l'entendre, et ses jambes si raides qu'il devait s'appuyer sur un ami pour descendre la moindre marche.

«Puis regarde mes mains... je ne suis plus capable, j'ai tellement mal à force de tirer sur le guidon», dit-il.

Le défi cycliste, créé pour faire la promotion d'un mode de vie actif et d'un bon régime alimentaire, rassemblait cette année 194 équipes. Les membres de chaque équipe se relayaient pour pédaler du Saguenay-Lac-Saint-Jean à Montréal, en passant par Québec, la Beauce, les Cantons-de-l'Est et la Montérégie, en une soixantaine d'heures. Pierre Lavoie, lui, forme une équipe à lui seul. Il pédale tout le parcours, sans que personne ne vienne le remplacer.

Une erreur

«C'était beaucoup plus dur que prévu cette année, ce qui faisait en sorte que le temps estimé était beaucoup trop court. On dépassait constamment les délais, et pour rattraper le temps, il fallait que je coupe dans ma période de repos», a expliqué M. Lavoie.

Il regrette d'avoir inclus dans le parcours certaines portions de route très montagneuse à parcourir de nuit, qui se sont avérées éprouvantes. «Ça, c'était une erreur», reconnaît-il.

«Le moment le plus dur a été la nuit de samedi à dimanche. À cause des routes qui étaient en mauvais état, mais aussi à cause de la fatigue. Je manquais vraiment de sommeil. Habituellement, ça ne me dérange pas, mais là, ça m'est rentré dedans», a-t-il confié.

L'athlète a aussi fait une chute en grimpant une côte. Il a tenté de passer entre deux cyclistes, mais l'ouverture s'est refermée au moment où il arrivait. Il n'a pas eu le temps de «déclipper» son pied fixé à la pédale, mais il s'en est tiré sans blessure.

La meilleure année

Malgré tout, le quatrième Grand Défi a été le meilleur, selon son fondateur.

«C'était l'année la plus difficile, mais aussi l'année la plus hot!», a-t-il affirmé.

Outre un nombre record d'équipes participantes, c'est surtout le nombre de personnes venues encourager les cyclistes tout au long du parcours qui l'a impressionné. Même en pleine nuit, la caravane était accueillie par des foules, parfois vêtues de pyjama, dont l'énergie était contagieuse.

«On arrivait à des endroits, il y avait 10 fois plus de monde que les années passées», raconte M. Lavoie.

Le trajet s'est terminé devant le Stade olympique, où s'étaient réunies des milliers de personnes, en grande partie des élèves du primaire et du secondaire. Pierre Lavoie y a été accueilli en héros. Il n'arrivait pas à faire trois pas sans que quelqu'un se jette sur lui pour lui serrer la main, le prendre en photo, le féliciter.

M. Lavoie est monté sur scène alors qu'un CF-18 de l'Aviation royale canadienne faisait rugir ses réacteurs en fendant le ciel.

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Un événement qui fait boule de neige

Les saines habitudes de vie semblent gagner en popularité, et l'initiateur du Grand Défi Pierre Lavoie s'en félicite.

Cette année, 1120 écoles ont participé au concours Lève-toi et bouge, dans le cadre du Grand Défi. «Ça représente 240 000 familles, c'est énorme», souligne le directeur général de l'événement, Germain Thibault.

Les élèves devaient accumuler des «cubes énergie» dans le cadre du concours, chaque cube équivalant à 15 minutes d'activité physique. En un mois, ils ont atteint un total de 71 millions de cubes énergie, une augmentation de 87% par rapport à l'an dernier.

Parallèlement au parcours cycliste des grands, des jeunes issus de 21 écoles ont aussi participé à une course à relais pendant 290 kilomètres, entre Québec et Montréal. L'ampleur de cette mobilisation devrait faire boule de neige et inspirer de nouveaux participants à prendre part au mouvement l'an prochain, croit M. Lavoie. «C'est impressionnant aujourd'hui. Surtout en finissant ça au Stade, c'est symbolique, on sent l'énergie», s'est-il félicité avant d'aller enfin se reposer loin des projecteurs.