L'explosion de bombes fumigènes dans le métro hier n'a pas incommodé seulement les usagers, mais aussi les vendeurs de ces objets utilisés notamment pour les jeux de paintball.

Depuis la paralysie du métro de Montréal, jeudi matin, Luc Desfontaine, propriétaire de Performance Paintball, ne décolère pas. «On vend des fumigènes dans un contexte de plaisir, pas pour créer le chaos total», estime-t-il.

M. Desfontaine a depuis instauré une nouvelle politique dans son magasin et dans ses franchises: soumettre la vente de fumigènes à la présentation de papiers d'identité.

«Il faut être socialement responsable, dit-il. Si un acheteur ne veut pas me donner de pièce d'identité, j'aime autant perdre la vente.»

Vente libre

Les bombes et grenades fumigènes sont en vente libre au Québec. Chez Performance Paintball, leur prix de vente varie entre 12$ et 22$, selon le volume et la durée du dégagement de fumée.

Sur le site d'Aventure Airsoft Lanaudière, boutique spécialisée dans la vente d'objets «airsoft», on peut les acheter à 13$ l'unité.

Mais là aussi, la vente est soumise à l'approbation des propriétaires, dit Jocelyn Proulx, l'un d'entre eux.

«Je demande que les clients aient 18 ans, et on ne livre pas ces objets à domicile», explique-t-il. Il enregistre le nom de ses clients.

«Je veux faire attention, voir dans les mains de qui ça se retrouve.»

Selon lui, ses clients sont des amateurs de paintball, qui utilisent les fumigènes dans le cadre de leur jeu.

Mais ce propriétaire regrette que les fumigènes puissent se commander facilement, notamment sur certains sites internet. Hier, nous avons trouvé facilement des fumigènes sur les sites Kijiji, eBay ou encore sur le site ontarien spécialisé dans les feux d'artifice Rocket Fireworks. Les fumigènes utilisés par les plombiers pour les tests de fumée peuvent aussi facilement servir de bombe fumigène.

Depuis qu'il a reçu la visite de la police dans la foulée des événements de jeudi matin, Ian Grant, représentant au Québec et au Canada de BuyPBL, magasin spécialisé dans le paintball, demande une copie d'une pièce d'identité de tout acheteur de fumigène.

«Au cas où ça arrive de nouveau», dit-il.

Les bombes fumigènes utilisées dans le métro proviennent-elles de son magasin?

«Il y a beaucoup d'endroits qui en vendent. Je ne peux pas dire oui, je ne peux pas dire non. C'est comme vendre un couteau dans un surplus d'armée. Qu'est-ce que l'acheteur va faire avec? Le problème dépend de l'usage», philosophe-t-il.

Et d'ajouter: «Utiliser des balles de peinture ou des fumigènes, ce ne sont pas des moyens de pression corrects.»