Selon le maire suppléant de Mascouche, Sylvain Picard, la tempête provoquée par les accusations portées contre son maire Richard Marcotte et de présumés complices entrepreneurs est derrière. La ville va bien et sa gestion n'est en rien perturbée.

Mais les citoyens eux, ne sont pas prêts à tourner la page si rapidement.

Ce mercredi, c'était le premier jour de paiement des taxes municipales de Mascouche. La mairie était donc fort occupée, et en effet, on aurait dit une journée normale.

Les citoyens faisaient la file pour être soulagés de quelques milliers de dollars au profit de la Ville, sous le regard bienveillant de leur maire, dont la photo trônait bien haut sur le mur, juste à côté du guichet.

La réceptionniste de la mairie avait fort à faire. Beaucoup d'appels de citoyens se demandant si le centre névralgique de cette municipalité de banlieue était rouvert.

«Les gens sont polis, mais posent des questions», a déclaré la dame.

Dans une très vaste opération, l'Unité permanente anti-corruption a arrêté mardi 14 acteurs importants de la Couronne nord, dont les entrepreneurs Tony Accurso et Normand Trudel. Richard Marcotte sera le 15ème prévenu. Il devrait se faire passer les menottes à sa descente d'avion, au retour de Cuba, jeudi soir possiblement.

Une fois leurs taxes payées, plusieurs citoyens ont refusé de livrer leurs commentaires sur l'affaire.

«Je connais un de ses amis, et je n'ai pas envie de parler», a déclaré un homme.

Quelques uns, toutefois, ont exprimé leur bonheur de voir leur ville être enfin «nettoyée».

«Ils l'ont enfin arrêté. On avait peur que ça n'arrive jamais. C'était un sujet tabou ici mais tout le monde avait des doutes. À Mascouche, c'était la tyrannie monétaire», a déclaré un résident.

Pour une autre citoyenne, «Richard Marcotte ne devrait plus être maire», après le dépôt de telles accusations de fraude et corruption.

«Mais il est innocent jusqu'à preuve du contraire. Il ne démissionnera pas. S'il abandonne, il admettrait qu'il a eu une gestion frauduleuse. Je suis certain qu'il va rester en place», commentait un autre contribuable.

Des conseillers de l'opposition ont déjà annoncé qu'à la prochaine séance du conseil municipal, ils réclameraient la démission de Richard Marcotte.

En son absence, c'est le conseiller et maire suppléant Sylvain Picard qui dirige la ville.

«Le calme est revenu. Tout suit son cours normal et la ville va bien. Les gens sont sous le choc, mais c'est normal», a déclaré le maire suppléant. Il envoie la balle dans le camp du ministère des Affaires municipales pour revoir les contrats en cours entre la Ville et les entrepreneurs incriminés.

Il connaît Richard Marcotte depuis 1990. Il est très surpris de son arrestation, comme de celle de la plupart des prévenus. Il a essayé, sans succès, de contacter le maire à Cuba.

«Ce qu'il a fait ou non lui appartient. Il est accusé. Il aura la possibilité de se défendre. Je ne veux pas en juger», a-t-il délicatement opiné.

Il ne croit pas que l'opposition obtiendra la tête du maire, car dans une tentative passée de le faire déclarer inhabile à siéger par le ministre des Affaires municipales Laurent Lessard, ce dernier avait déclaré ne pas disposer de ce pouvoir dont seul les tribunaux disposent.

Qui plus est «Il (Marcotte) est passé à travers tellement d'allégations», renchérit-il.

Quant au rôle que semble avoir joué Claude Lachapelle, un ancien chef de cabinet de Richard Marcotte, Sylvain Picard dit l'ignorer.

Le nom de Lachapelle est partout dans les chefs d'accusations déposés contre le groupe. Il semble avoir agi comme intermédiaire entre le maire et les entrepreneurs mais n'est accusé de rien. Il pourrait s'être fait délateur, ou agent civil d'infiltration, au profit des enquêteurs de l'UPAC.

«Il était à l'hôtel de ville à temps partiel. Et je le voyais peu, les conseillers n'ont pas leur bureau ici. Toutes ces ramifications présentées par la police me surprennent beaucoup», a déclaré Sylvain Picard.

Il maintient encore aujourd'hui que malgré ce qu'il pourrait avoir fait, Richard Marcotte a été un grand bâtisseur qui a fait passer Mascouche de village à grande ville de banlieue.

«Il a eu des idées innovatrices. Le développement de la montée Masson, c'est lui. Il lui fallait une bonne vision», a-t-il conclu.