Les gouvernements canadien et américain ont commandé une étude pour connaître le coût des mesures de prévention à appliquer pour éviter de nouvelles inondations le long de la rivière Richelieu et du lac Champlain, a appris La Presse.

Le 19 mars, le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, et un haut responsable du départment d'État en ont fait la demande formelle à la Commission mixte internationale (CMI), responsable de la gestion des centaines de lacs et de rivières que partagent le Canada et les États-Unis.

L'organisation se donne trois mois, soit d'ici à la fin juin, pour arriver avec un plan et en mesurer les coûts et les bénéfices. Au-delà des coûts, cette étude devra couvrir les causes et les impacts de toutes les inondations survenues dans le bassin versant du lac Champlain, mais tout particulièrement celles de 2011.

C'est la troisième fois en un peu plus d'un siècle que la CMI se penche sur la question. Les deux premières ont donné peu de résultats. Les recommandations du premier rapport, rédigé en 1937, n'ont été que partiellement suivies, tandis que le rapport de 1980, rédigé après sept années d'études, n'a jamais eu de suite malgré d'importantes inondations survenues en 1976, qui ont causé des dommages de 29,6 millions en dollars d'aujourd'hui.

Le premier rapport avait mené à la construction, en 1939, d'un barrage sur la rivière Richelieu, à l'île Fryers. Or, pour qu'il soit efficace, le document précisait que le cours d'eau devait être élargi, ce qui n'a jamais été fait.

La plus récente étude avait quant à elle recommandé des travaux évalués à 72 millions, en dollars d'aujourd'hui. Les auteurs recommandaient la construction d'un barrage à vannes à Saint-Jean-sur-Richelieu, des travaux évalués à 16 millions (60 millions en dollars d'aujourd'hui). Il devait permettre de maintenir le niveau du lac Champlain à moins de 30,2 m. L'ouvrage n'a jamais été construit, et le lac a atteint le niveau historique de 31,45 m en mai 2011.

En plus du barrage, le rapport de 1980 recommandait de creuser dans la rivière Richelieu un chenal de 2,5 km sur 215 m, l'équivalent de 100 terrains de football en superficie et de 82 piscines olympiques en volume de terre retirée du fond de la rivière. Ces travaux devaient coûter 3,3 millions, soit 12 millions en dollars d'aujourd'hui.

Deux autres solutions avaient été proposées, mais jugées moins efficaces d'un point de vue environnemental. Les auteurs avaient ainsi évalué la possibilité de faire de l'endiguement et du drainage entre Saint-Jean et le barrage de l'île Fryers, des travaux de 36 millions en dollars d'aujourd'hui. Solution plus économique, on a songé à construire à Saint-Jean un déversoir à crête fixe, un ouvrage qui déborde automatiquement quand le niveau de la rivière est trop élevé. Ces travaux de 29,4 millions auraient toutefois été moins efficaces en cas de niveaux extrêmes.

Les débordements du lac Champlain sont fréquents. La Commission avait évalué dans son rapport de 1980 qu'«il se produit jusqu'à un certain point des dommages dus aux inondations pratiquement tous les ans dans la vallée de la rivière Richelieu et autour du lac Champlain». En 150 ans, le lac a dépassé 27 fois le niveau critique de 30,48 m, soit 1 année sur 5.