Après le droit, la médecine et le poker, c'est la danse qui figurerait en tête de liste des projets d'avenir de Bianca Rojas-Latraverse. Elle aurait même récemment invoqué ses études dans une école de danse de Boston pour se soustraire en partie aux conditions qui lui avaient été imposées à la suite d'une condamnation pour conduite dangereuse.

La femme de 20 ans, accusée avec John Stephen Clark Lemay et Anthony Bourque d'avoir fomenté l'attaque violente contre Jonathan Duhamel le 21 décembre, a dû se défendre de cette nouvelle révélation hier, troisième jour de l'enquête sur la mise en liberté du trio.

Le 21 octobre dernier, au palais de justice d'Ottawa, Bianca Rojas-Latraverse a été condamnée à un an de probation avec interdiction de conduire et à 60 heures de travaux communautaires. Elle devait rencontrer un agent de probation le 1er novembre, mais elle lui a plutôt téléphoné.

«Elle a dit qu'elle était à Boston, où elle étudiait dans une école de danse. Elle a dit qu'elle viendrait me rencontrer le 7 novembre, car elle passait dans la région pour voir ses parents», a raconté cet intervenant, qu'un ordre du juge nous interdit de nommer, comme tous les témoins de cette affaire.

Mais le 7 novembre, elle ne s'est pas présentée.

La jeune femme a dû de nouveau témoigner pour expliquer qu'elle avait compris de la sentence rendue à Ottawa que, si elle prouvait qu'elle étudiait, elle serait libérée de l'obligation de faire ses travaux communautaires, qu'elle n'a jamais amorcés.

«Je suis allée à Boston pour une journée portes ouvertes dans une école de danse. Après, je prévoyais prendre rendez-vous avec un orienteur», a-t-elle expliqué.

«Mais pourquoi n'êtes-vous pas revenue comme prévu pour le 7 novembre?» lui a demandé Me Nancy Delorme, procureure de la Couronne.

«J'étais encore à Boston. Je pensais qu'il allait me recontacter», a répondu l'accusée.

Tout cela, en plus de son témoignage de la veille, a fait dire à Me Delorme, dans sa plaidoirie, que Bianca Rojas-Latraverse «n'est pas fiable», qu'elle «carbure à la pensée magique» et que son projet d'études, dont elle ne connaît pas les coûts, est loufoque.

La procureure soutient qu'il serait déraisonnable de la libérer en raison de l'extrême violence du crime dont elle est accusée et du fait que le proche qui propose de l'héberger et de la surveiller pendant sa libération a admis qu'il la connaît très peu.

L'avocat de Bianca Rojas-Latraverse, Me Marc-André Gauthier, a admis que le proche la connaît peu, mais il soutient «qu'il n'est pas trop tard pour apprendre à la connaître».

De même, il admet que son projet d'études n'est pas très structuré, mais il affirme qu'il n'est pas farfelu.

«Et on n'a pas de preuve qu'elle est dangereuse. Oui, il y a un certain degré de violence dans le crime, mais il n'y a aucun élément qui montre qu'elle a usé de cette violence», a-t-il ajouté.

Bourque et Clark Lemay ont eux aussi fait entendre au juge Pierre Bélisle des proches prêts à les héberger s'ils sont libérés, qui ont promis de prévenir la police au moindre manquement.

Leurs avocats ont invoqué la preuve incomplète à leur égard, leurs projets scolaires et le fait qu'ils n'ont pas d'antécédents judiciaires de violence.

Le juge Bélisle décidera mardi prochain s'il les libère ou non.