Sécur-Action, ex-firme de sécurité de la Sûreté du Québec et de la police de Montréal, vient de se mettre sous la protection de la Loi sur la faillite. Un document en cour fait état d'une situation financière «catastrophique».



L'entreprise et ses affiliées se sont déclarées insolvables le 2 décembre. Le président et principal actionnaire du groupe, Éric Beaupré, veut faire une proposition à ses créanciers pour relancer les affaires, selon des documents déposés au palais de justice de Montréal.

L'agence de sécurité Sécur-Action a fait les manchettes à l'automne 2010 lorsque le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et la Sûreté du Québec (SQ) ont rompu leurs relations avec l'entreprise après enquête. Sécur-Action assurait alors la surveillance du quartier général de la police de Montréal et de la SQ. Son chiffre d'affaires excédait les 25 millions de dollars et l'entreprise comptait 1500 employés.

Aujourd'hui, le groupe est acculé à la faillite. Selon des documents déposés en cour, Sécur-Action et ses affiliées doivent plus de 7 millions de dollars à plus de 70 créanciers. Les deux affiliées sont Sécurité Serca et Strict Sécurité.

Le principal créancier est la Corporation d'affacturage JD, de Mississauga, en Ontario. Depuis 2006, l'entreprise recouvrait les comptes clients de l'entreprise. Elle a également prêté des fonds au groupe, qui lui doit aujourd'hui 5,2 millions. En plus de JD, on trouve parmi les créanciers Revenu Québec, Revenu Canada et de nombreux salariés.

«Fournisseurs furieux»

Selon une requête déposée en cour par JD, la situation financière de Sécur-Action est «catastrophique» et les «fournisseurs sont furieux». Les problèmes de l'organisation ont commencé dès le printemps 2010. JD a alors imposé à Éric Beaupré l'embauche de son directeur financier, qui a constaté des «anomalies» dans la gestion des affaires.

Entre autres, des fournisseurs n'étaient pas payés et les taxes dues aux gouvernements étaient beaucoup plus élevées que prévu. De plus, le nouveau directeur a constaté que l'entreprise finançait «de nombreuses dépenses personnelles» de M. Beaupré et de sa femme.

Le directeur nommé par JD a tenté de redresser la situation, mais les affaires ont continué de se dégrader, notamment parce que M. Beaupré a accepté des contrats à perte. Il y a quelques semaines, un acheteur américain a fait une offre verbale, mais le prix a été jugé trop faible.

Selon la requête de JD, les contrats résiliés avec la police de Montréal et la SQ avaient une valeur de 1,5 million et 2,5 millions de dollars. Le printemps dernier, Sécur-Action a perdu d'autres contrats, notamment ceux de Molson, Cargill et Sobey's.

Le syndic au dossier est Brian Fiset, de la firme Ginsberg, Gingras et associés. Ni M. Fiset ni M. Beaupré n'ont rappelé La Presse, hier, pour donner des détails sur le plan de relance ou l'acheteur éventuel des actifs de l'organisation.

Selon la loi, l'entreprise dispose de 30 jours pour faire une proposition à ses créanciers, soit jusqu'au début du mois de janvier 2012. Le tribunal peut accorder des délais additionnels de 45 jours par la suite.

L'an dernier, une enquête de La Presse avait permis d'apprendre qu'Éric Beaupré avait plaidé coupable à une accusation de recel d'une automobile, en 1994, pour laquelle il a obtenu une absolution conditionnelle.

De plus, La Presse avait appris que le directeur de l'exploitation de l'organisation, Éric Poirier, avait été condamné à purger un an de prison dans la communauté en 2008 pour avoir produit de la marijuana. Poirier avait également été accusé d'agression armée, de voies de fait graves et d'extorsion à l'endroit d'un individu en 2005. Le processus avait été arrêté parce que la victime ne voulait plus témoigner.

Sécur-Action s'était vu confier la surveillance du quartier général de la police de Montréal en mai 2010 par l'ancien chef de police Yvan Delorme. L'entreprise avait remplacé l'agence BCIA, qui avait alors déclaré faillite. BCIA fait depuis l'objet d'une enquête de la SQ.

- Avec la collaboration d'André Noël et Fabrice de Pierrebourg