Le Parti québécois est devenu une coquille vide qui a sombré dans l'électoralisme, a déclaré mercredi l'écrivain Victor-Lévy Beaulieu, peu après avoir été honoré par des parlementaires.

M. Beaulieu, qui a récemment remporté la plus importante récompense littéraire au Québec, le prix Gilles-Corbeil, a reçu mercredi la médaille de l'Assemblée nationale des mains de l'ex-députée péquiste Lisette Lapointe.

Cette distinction a été remise par Mme Lapointe au nom de ses trois autres collègues qui ont claqué la porte du Parti québécois (PQ) en juin dernier.

Après la cérémonie, M. Beaulieu a expliqué qu'en claquant la porte du PQ, les quatre démissionnaires ont notamment résisté à l'électoralisme manifesté par leur ancien parti dans le dossier de l'amphithéâtre de Québec.

Selon l'écrivain, âgé de 66 ans, le PQ peine à se renouveler et à s'ouvrir aux autres points de vue tandis que sa chef Pauline Marois manque du leadership nécessaire.

«Le PQ, je trouve que c'est devenu une coquille vide, malheureusement, a-t-il dit en entrevue. Une coquille vide menée par quelqu'un qui visiblement n'a pas l'autorité, avec un grand A, qu'il faut pour faire sortir le parti de son ornière.»

La cérémonie de remise de la médaille s'est déroulée à la bibliothèque de l'Assemblée nationale, en présence de quelques proches, dont le mari de Mme Lapointe, l'ex-premier ministre Jacques Parizeau.

Un des quatre démissionnaires, Jean-Martin Aussant, n'a pas pu assister à l'événement, a indiqué Mme Lapointe.

En acceptant cet hommage, M. Beaulieu, un indépendantiste, a salué le courage des quatre démissionnaires.

«Ils ont démontré, en démissionnant du Parti québécois, qu'ils mettaient les intérêts supérieurs de la nation au-dessus de toute partisanerie électoraliste, a-t-il dit. Ils ont démontré également que l'idée d'indépendance est d'abord une passion.»

Ces propos ont été accueillis comme un baume par deux d'entre eux, Louise Beaudoin et Pierre Curzi, qui étaient présents.

Mme Beaudoin a expliqué que, même si elle et ses collègues ne regrettent pas leur décision, ses conséquences sont parfois «douloureuses».

«On l'assume et ce que vous avez dit tout à l'heure, tout ça nous fait du bien», a-t-il dit.

M. Curzi a affirmé que les paroles de l'écrivain lui ont permis de se rappeler la force de conviction qui a été nécessaire pour quitter le PQ.

«Il faut qu'il y ait des gens qui nous le rappellent, le courage et la détermination, a-t-il dit. C'est vrai que c'est dur.»

Mme Lapointe a affirmé que ses collègues et elle ont pris la décision de décerner la médaille de l'Assemblée nationale à M. Beaulieu, qui a écrit des romans, pièces de théâtre, essais et téléromans, en plus d'être éditeur.

En Chambre, libéraux, péquistes et adéquistes ont rendu hommage à M. Beaulieu, soulignant sa carrière marquée  notamment par la publication de 70 romans.

Mme Lapointe a évoqué la «prose magnifique et envoûtante» de l'écrivain, qui transporte ses lecteurs dans des univers parfois insolites, souvent troublants, «un monde où les mots ne déçoivent jamais».

«Vous êtes être de conviction et de combat, a-t-elle dit. Vos mots dérangent, mais vous n'avez jamais baissé les bras.»

Le chef adéquiste Gérard Deltell a souligné au passage l'intérêt de l'écrivain pour la chose politique, qui lui a déjà inspiré quelques sorties bien senties.

«Victor-Lévy Beaulieu a été un homme qui a touché, touche et, j'en suis sûr et certain, continuera à toucher à la politique, a-t-il dit. Il fait partie du débat public.»