Sous d'autres latitudes ou dans d'autres circonstances, Mitt Romney pourrait sans doute se vanter des retombées positives de la réforme du système de santé qu'il a promulguée en 2006 à titre de gouverneur du Massachusetts.

Après tout, dorénavant, seulement 2% des habitants de cet État - et moins de 1% des enfants - ne sont pas assurés. Cette couverture presque universelle contribue fortement à la popularité de la réforme au Massachusetts.

Mais voilà, Mitt Romney brigue l'investiture présidentielle d'un Parti républicain qui a déclaré la guerre à l'une des dispositions centrales de sa réforme, surnommée RomneyCare. Cette disposition, qui est aussi au coeur de la réforme du système de santé promulguée par Barack Obama, oblige tous les citoyens à souscrire à une police d'assurance de couverture de santé.

L'ex-gouverneur ne veut pas davantage être associé aux retombées négatives de la réforme du système de santé du Massachusetts. Parmi les failles les plus importantes de cette initiative figure une hausse importante du coût des soins de santé et des primes d'assurance, un phénomène qui guette la réforme de Barack Obama, selon certains experts.

«Il n'y avait rien dans la loi du Massachusetts et il n'y a pratiquement rien dans la loi nationale pour limiter la hausse des coûts de la santé», déclare Michael Tanner, chercheur au Cato Institute, groupe de réflexion libertarien. «En fait, ce qu'on a fait dans les deux cas, c'est d'augmenter la demande sans rien faire au sujet du coût de l'offre. C'est pourtant mathématique: si on n'augmente pas l'offre au moment où on augmente la demande, on aura des prix plus élevés.»

Au Massachusetts, les dépenses de santé par habitant sont de 15% supérieures à la moyenne nationale, selon une étude publiée par l'État l'an dernier, alors que les primes d'assurance maladie ont augmenté de 5% à 10% annuellement de 2007 à 2009.

Michael Tanner n'a pas de mal à expliquer l'incapacité des politiciens américains à s'attaquer aux coûts de la santé.

«Réduire les coûts de la santé signifie dire non aux gens, dit-il. Et les Américains, qu'ils soient de gauche ou de droite, n'aiment pas se faire dire non quand il s'agit des soins médicaux.»

Cela dit, Michael Tanner estime que la question de la santé nuira davantage à Barack Obama qu'à Mitt Romney dans un affrontement éventuel entre les deux hommes.

«Peu importe la valeur de certains aspects de la réforme nationale, celle-ci demeure impopulaire dans son ensemble, dit le chercheur. Et les républicains se serviront de cette réforme pour dépeindre Obama comme un partisan d'un État envahissant et dépensier.»