Le Commissaire au lobbyisme est trop sévère dans son examen des liens entre le génie-conseil et les municipalités, déplore l'ex-ministre péquiste David Cliche, accusé d'avoir enfreint la loi avec son patron Bernard Poulin, de la firme SM International.

«Ça ne tient pas la route, son affaire! Moi, je conteste fermement la prétention du Commissaire», a lancé l'ancien ministre de l'Environnement, joint au téléphone.

Le Journal de Montréal a révélé hier que MM. Cliche et Poulin, ont reçu en 2008 sept constats d'infractions à la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme remis par le Commissaire. Ils les contestent discrètement devant les tribunaux depuis trois ans.

Selon des documents judiciaires obtenus par La Presse, six constats ont été remis à M. Cliche pour avoir omis de s'inscrire au Registre des lobbyistes avant de faire des démarches auprès d'élus en faveur d'un projet éolien de SM à Saint-Pierre-de-Véronne-à-Pike-River, Stanbridge Station, ainsi que dans le canton de Bedford.

À titre de plus haut dirigeant, Bernard Poulin a quant à lui reçu un constat d'infraction pour avoir omis d'inscrire M. Cliche au registre public.

Le maire du canton de Bedford, Gilles St-Jean, ignorait jusqu'à hier que ses rencontres avec M. Cliche avaient fait l'objet d'une enquête. «Je l'ai rencontré à plusieurs reprises, il faisait un travail de représentant pour la compagnie SM, mais le projet ne s'est jamais réalisé», dit-il.

David Cliche affirme que c'est la première fois qu'il se fait reprocher ses contacts avec les élus.

«Mon métier, c'est de faire des études d'impact et d'aller chercher des autorisations environnementales pour des projets de développement. Je fais ça depuis 30 ans! Est-ce que quelqu'un qui va chercher un permis de construction pour son garage devient un lobbyiste lui aussi?», ironise-t-il.

Déjà, l'ancien ministre et son patron ont déposé une requête en Cour supérieure contestant l'interprétation que fait le commissaire de la loi. Celle-ci sera entendue en avril 2012.

Selon la porte-parole du Commissaire au lobbyisme du Québec, Louise-Andrée Moisan, l'amende maximale à laquelle font face les deux défendeurs est de 25 000 $.

Le porte-parole de Bernard Poulin, Roch Landriault, a préféré ne pas commenter l'affaire hier.