Le Parti conservateur du Canada a envoyé un courriel menaçant à la veuve d'une victime de l'amiante lors du plus récent chapitre d'un débat qui fait rage au Canada au sujet de la dangereuse substance.

Un haut responsable conservateur a averti la femme de cesser d'utiliser le logo du parti dans une publicité qui dénonce ce controversé secteur de l'économie canadienne - une campagne qu'elle a créée après le décès de son mari.

Michaela Keyserlingk, dont le mari Robert est mort en 2009 de mésothéliome, un cancer lié à l'amiante, diffuse depuis le printemps une bannière sur internet qui se lit «Le Canada est le seul pays occidental qui exporte toujours de l'amiante mortelle».

Le directeur exécutif du Parti conservateur, Dan Hilton, lui a envoyé un courriel pour lui demander de cesser immédiatement de se servir du logo du parti.

«À défaut de quoi, nous pourrions prendre des actions contre vous», a écrit M. Hilton dans un message daté du 29 juillet intitulé «Utilisation non autorisée d'une marque de commerce».

Le dit courriel, que Mme Keyserlingk a remis à la Presse Canadienne, contenait aussi cet avertissement: «Veuillez agir en conséquence».

Cet échange survient alors que les critiques s'intensifient envers le Canada pour ses exportations d'amiante et que le gouvernement du Québec jongle avec l'idée de faire revivre l'une des dernières mines du pays, une décision qui pourrait être connue dès lundi.

Le Canada, qui utilise à peine la substance au pays, exporte la majeure partie de sa production vers des pays pauvres.

Les défenseurs de ce secteur minier insistent que l'amiante est sécuritaire si elle est correctement utilisée. Mais ses opposants font valoir que le produit est surtout utilisée dans des pays en voie de développement où les normes de sécurité sont problématiques.

Un nombre croissant d'experts en santé, et des citoyens comme Mme Keyserlingk, veulent mettre un terme à l'exploitation du minerai, pour de bon.

La bannière de la veuve, qui apparaît au hasard sur des sites internet canadiens, est accompagnée d'une étiquette de mise en garde «DANGER» et du logo officiel du Parti conservateur : la lettre «C» bleue avec une feuille d'érable rouge. Elle invite aussi les lecteurs à visiter son site internet.

«Je veux simplement que le commerce de l'amiante cesse parce que c'est une mort horrible», a affirmé la femme qui ne fait partie d'aucune organisation et qui débourse personnellement plus de 300 $ par mois pour le maintien de la bannière.

«C'est terrible - et même envisager de faire ça à d'autres, c'est impardonnable».

Mais le Parti conservateur reste sur ses positions.

«Le logo du Parti conservateur est une marque de commerce enregistrée du Parti conservateur du Canada et nous ne permettons pas son usage non autorisé»,  a écrit le porte-parole du parti, Fred Delorey, dans un courriel à La Presse Canadienne.