Les beaux jours semblent revenus pour la Traversée internationale du lac Saint-Jean. La 57e édition de l'événement, qui s'est conclue dimanche avec le défilé des champions dans les rues de Roberval, a été couronnée de succès.

Le nageur bulgare Petar Stoychev a ajouté à sa légende en triomphant pour une 11e année consécutive. Les nageurs de la région ont livré de solides performances. La foule a été nombreuse, envahissant les rues robervaloises pour l'incontournable souper en plein air et participant dans la bonne humeur aux différents spectacles. La Traversée est même parvenue à se faufiler en bonne position, durant le week-end, dans les bulletins de nouvelles des grandes chaînes d'information continue offrant, en pleine période des vacances, une belle carte de visite pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Après quelques années marquées par une certaine incertitude et des difficultés financières importantes, l'événement a repris son envol, porté par l'implication d'un comité d'organisation motivé, d'une armée de bénévoles dévoués et de toute une population qui a décidé de se réapproprier «son» activité et d'en faire un succès et un happening estival incontournable, axé sur le sport.

Volonté

À cette époque où le hockey et les sports d'équipe professionnels occupent pratiquement toute la place, la Traversée internationale du lac Saint-Jean parvient encore, chaque été, à frapper l'imaginaire collectif. L'événement, solidement ancré dans la tradition régionale, renvoie directement à nos racines. Les Saguenéens et les Jeannois, qui connaissent bien le lac et ses caprices, sont à même de saisir le défi personnel et sportif que constitue la traversée, à la nage, de cette mer intérieure. Un périple de 32 kilomètres. Au minimum largement plus de six heures d'efforts ininterrompus, dans une eau froide et à travers des vagues souvent importantes et des courants parfois imprévisibles...

C'est l'ampleur du défi qui explique probablement l'intérêt de la population régionale pour sa Traversée du lac. Contrairement aux sports d'équipe, le succès où les échecs sont toujours, en natation, une affaire personnelle. Les nageurs sont confrontés aux éléments, mais surtout à eux-mêmes. À leur endurance. À leur volonté. À la qualité de leur entraînement.  Ils ne peuvent blâmer personne d'autre qu'eux-mêmes en cas de mauvaise performance. Aucun coéquipier fautif. Ils sont seuls devant l'épreuve. C'est cette authenticité qui séduit et qui force l'admiration. Surtout que les athlètes qui défient le Piékouagami le font d'abord et avant tout pour le défi. Pour l'honneur. Pas pour les millions, ni pour le chèque de paie. Ils le font pour le dépassement personnel. Pour l'essence du sport. Les mêmes raisons qui ont poussé Jacques Amyot, le 23 juillet 1955, à réussir, le tout premier, l'exploit de traverser le lac Saint-Jean à la nage...

Relève

Les organisateurs ont su, au cours dernières années, renouveler la Traversée, en misant sur l'aspect sportif d'abord. Ils ont su le faire sans la dénaturer. C'est encore une lutte acharnée entre les nageurs et les éléments. Surtout, les organisateurs de l'activité ont réussi à générer une intéressante relève, une belle cohorte de jeunes nageurs qui s'expriment grâce aux autres compétitions greffées à l'épreuve reine.

Certes, la popularité de la nage en eaux libres n'est plus ce qu'elle fut il y a quelques décennies encore, maintenant que les nageurs «en piscine» sont devenus de grandes vedettes, comme Michael Phelps. On pourrait se demander si les retombées économiques directes sont aussi importantes qu'elles l'ont déjà été à une certaine époque. Mais ce serait oublier l'essentiel. Au-delà des retombées économiques engendrées par l'événement, au-delà de la carte de visite qu'elle représente, la Traversée internationale du lac Saint-Jean ramène d'abord à l'essence du sport et du dépassement personnel. C'est ce que l'on célèbre d'abord et avant tout depuis 57 ans à Roberval.

La tenue des Jeux olympiques de Londres, en juillet 2012, rend très incertaine la présence de Petar Stoychev à la 58e édition de la Traversée du lac Saint-Jean. Sans doute que la possibilité de couronner un nouveau champion donnera une autre couleur à la prochaine fête régionale de la nage en eau libre.