L'instigateur de la séquestration d'un jeune homme dans une sablière de Laterrière est condamné à six ans de pénitencier.

Parce qu'une des deux armes utilisées au cours de la fin de semaine du 8 au 10 octobre 2010 n'a jamais été retrouvée par les policiers, Marc-André Savard, 28 ans, échappe à une sentence qui aurait pu atteindre 10 ans en conjuguant deux condamnations impliquant une arme à feu.

Le vendredi 8 octobre, il avait braqué une arme à feu chargée sur le client pour obtenir le remboursement d'une dette de drogue. Le Code criminel prévoit un minimum de cinq ans de pénitencier pour ce genre de délit.

Deux jours plus tard, il tend un guet-apens à un autre jeune en l'attirant dans une carrière de sable où, en compagnie de cinq autres personnes, il lui a fait croire que sa dernière heure est arrivée.

Il l'a forcé à creuser sa tombe à mains nues dans le sable et l'a frappé avec ce qu'on croit être une arme à feu tronçonnée et prohibée. C'est cette deuxième arme qui n'a pas été retrouvée, empêchant ainsi la Couronne de produire une expertise technique essentielle à l'obtention d'un deuxième minimum de cinq ans de pénitencier pour le second événement.

L'avocat de la défense Jean-Marc Fradette et celle du Directeur des poursuites criminelles et pénales, Me Mélanie Paré, se sont entendus pour regrouper plusieurs des chefs d'accusation originaux et suggérer la même sentence, ce qui a facilité le travail du tribunal. La suggestion a été acceptée d'emblée.

Famille carencée

Marc-André Savard a pris la parole pendant quelques minutes après avoir été dépeint par son avocat comme une personne carencée qui a manqué d'éducation dans une famille dont le père violent et abuseur a séjourné au pénitencier.

Tête rasée et barbichette au menton, Marc-André Savard a expliqué qu'il a été éduqué à ne pas se comporter comme une victime pour ne pas être la proie des plus forts.

«Je comprends que ce que j'ai fait est grave. Je viens d'un milieu où il est important de se faire respecter.

«Je suis un gars qui, pour vivre, vend de la drogue. Ce n'est pas reluisant.

«Si moi je comprends, vous, vous pouvez comprendre que, pour moi, (à l'époque des événements) ce n'était pas si grave», a-t-il déclaré au juge Richard Daoust de la Cour du Québec.

«Quand c'est arrivé, j'aurais jamais pensé avoir une peine de six ans», a-t-il ajouté.

Violence

Me Jean-Marc Fradette a mentionné avoir connu Marc-André Savard à l'âge de six ans. «J'ai vu un garçon dans un milieu pas facile: pas de scolarité et un père au pénitencier pour agression sexuelle. Il est carencé.

«Dans sa tête, a expliqué l'avocat, il n'a fait que demander (à la première victime) ce qui lui était dû.

«Son éducation est déficiente. Il a l'air d'une personne qui parle bien; il est très brillant, séduisant, mais ses valeurs sont lacunaires.»

L'avocat a tenu à nuancer l'affirmation d'une des deux victimes qui allègue avoir été amenée à la sablière parce que Marc-André Savard voulait l'intimider et prendre sa petite amie, adolescente.

«C'est justifié par le besoin de contrôler la vente de la drogue dans un petit secteur de Chicoutimi», a soutenu Me Fradette.

Selon la défense, inspirée par des sources policières, la victime était une personne qui aurait voulu empêcher Savard de prendre le contrôle de la vente de la drogue dans un secteur donné. La victime aurait planifié une rencontre avec des amis qui aurait mal tourné: ils se seraient retournés contre lui et auraient fait cause commune avec Savard.

La procureure de la Couronne s'est limitée à dire qu'il y avait deux versions en ce qui concerne les motifs de la séquestration.

Cinq autres coaccusés, Yannick Aubin de Chicoutimi, Alex Lavoie, Jonathan Tremblay-Chevarie et Keven-Patrick Desbiens, tous trois de La Baie et un mineur, sont en liberté en attente de procès.

La sentence de Savard pourrait amener un dénouement rapide dans les autres dossiers.