J'ai décidé de ne pas y aller. Embarquer dans la folie dépensière du bal de fin d'études ne me ressemble pas. Tout le processus est vide de sens. Le prix est assez élevé et je trouve absurde de payer pour voir des gens que je vois cinq jours par semaine.

Les gens parlent surtout du prix qu'ils ont payé pour leurs robes et tout ça, mais jamais du plaisir qu'ils vont avoir. Tout est affaire d'apparence. Si j'ai envie de voir des gens, je n'ai pas à aller dans une soirée chic pour le faire. Quand on demande aux gens pourquoi ils y vont, ils répondent: «Ça va être drôle de voir tout le monde habillé chic.»

Aussi, mettre un tel accent sur les fins, ça fait mélodramatique et ça empêche d'aller de l'avant. La vie est impermanente, comme a dit le bouddha, alors pourquoi s'en faire avec les fins? Comment, Monsieur le journaliste? Vous me trouvez trop vieux pour mes 17 ans? Merci. C'est une des raisons qui font que je ne vais pas à mon bal.

Je pense que je ne veux pas embarquer dans la consommation aveugle. Je ne ressens aucun besoin de dépenser pour marquer une période de ma vie.

Il y a aussi le fait que je ne me suis attaché à personne, ou presque. Même si ça avait été le cas, je ne serais pas embarqué dans tout ce cirque.

Comment, Monsieur le journaliste? Si je suis reject? Je suis au-dessus de ça. Je parle à tout le monde. Je n'ai pas de problèmes sociaux. Je sais faire rire les gens dans les cours. Je suis dans ma bulle la plupart du temps. J'en sors quand je veux.

Je ne sais pas ce que je vais faire, le soir du bal. Je vais sûrement aller me promener à Montréal avec un ami pour observer la faune urbaine.