Les 15 radars photo installés au Québec ont franchi le seuil des 100 000 infractions signalées au début de 2011. Ils ont maintenant généré plus de revenus potentiels que ce qu'a coûté leur implantation.

Selon les données obtenues par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, un peu plus de 100 000 automobilistes ont été photographiés en flagrant délit d'excès de vitesse par les six cinémomètres fixes et les trois stations mobiles en fonction depuis août 2009 dans les régions de Montréal, de la Montérégie et de Chaudière-Appalaches.

À cela s'ajoutent 7159 infractions pour non-respect de feu rouge signalées par les six stations de radars installées à Montréal, Saint-Constant, Thetford Mines et Lévis.

Au 18 janvier dernier, après 17 mois de fonctionnement, les radars photo ont généré des revenus potentiels d'un peu plus de 16 millions, selon le document obtenu par La Presse.

Si toutes les amendes signifiées à ce jour étaient perçues, le projet-pilote pourrait donc générer des profits. L'acquisition des appareils a coûté 15 millions de dollars. Les revenus excédentaires seront versés dans un fonds spécial pour financer des initiatives en matière de sécurité routière.

Les tendances observées dès les premiers mois de fonctionnement de ces appareils se sont confirmées au fil des mois. Les six cinémomètres fixes de Montréal, Boucherville, Lévis, Pincourt et Saint-Georges (en Beauce) se sont avérés beaucoup plus «productifs» que les trois stations mobiles. Ils ont détecté 90% des excès de vitesse signalés.

Par ailleurs, la moitié des infractions signalées par des radars photo fixes ont été enregistrées par la même station, installée sur l'autoroute 15 Sud, à 300 mètres de la sortie Atwater, dans l'échangeur La Vérendrye, à Montréal. La vitesse maximale permise y est de 70 km/h.

Les 42 312 contrevenants qui ont été pris à cet endroit devront payer des amendes de 8 638 084$ (frais de constat et «contribution pénale» de 10$ inclus). C'est presque 54% du total de toutes les contraventions délivrées grâce aux 15 radars photo réunis durant le projet-pilote.

Permanence attendue

À l'origine, le projet devait prendre fin le 18 février 2011. Après la publication d'un rapport très favorable à l'Assemblée nationale, en octobre dernier, Transports Québec a annoncé il y a deux semaines que les appareils resteront en fonction jusqu'à ce que le gouvernement prenne une décision sur leur avenir et sur la meilleure façon de les utiliser.

Une commission parlementaire doit examiner le bilan du projet-pilote au cours des prochaines semaines avant de faire des recommandations sur le déploiement des appareils dans l'ensemble du Québec.

Selon le rapport, on aurait noté une réduction de 63% des excès de vitesse et une baisse moyenne de vitesse de 12 km/h sur les routes où les radars photo ont été installés.

À partir de ces données, on a estimé que les radars photo ont permis une réduction de 20 à 30% du nombre d'accidents, et qu'il y a probablement eu un mort et environ 60 blessés de moins.

En novembre, le maire de Québec, Régis Labeaume, a affirmé qu'il souhaitait l'installation de 20 à 25 de ces appareils dans les rues de sa ville.

Même si les radars photo semblent avoir acquis une large reconnaissance sociale au Québec, depuis le lancement du projet-pilote, ils ne font pas l'unanimité partout.

En novembre dernier, un projet de loi privé qui proposait d'installer de tels systèmes aux abords des chantiers routiers et des zones scolaires a été rejeté par une large majorité des députés provinciaux de l'Ontario.

En Arizona, le premier État américain à implanter des radars photo, une coalition citoyenne a obtenu l'été dernier leur retrait complet au terme d'un référendum tenu lors des élections de mi-mandat.

- Avec la collaboration de William Leclerc