« Seule une vie vécue pour les autres vaut la peine d'être vécue », disait Albert Einstein. En consacrant la sienne à ses compatriotes franco-ontariens, Michel Gratton a donné tout son sens à la citation du célèbre savant allemand.

Ses compatriotes qu'il aimait profondément se sont réunis en grand nombre, hier matin, pour livrer un vibrant hommage à l'ancien journaliste, attaché de presse et stratège en communications, décédé subitement le 13 janvier dernier. Celui qu'on a d'abord lu dans les pages du quotidien LeDroit, puis vu aux côtés du premier ministre Brian Mulroney et finalement aux barricades pour empêcher la fermeture de l'hôpital Montfort était âgé de 58 ans.

Les funérailles de M. Gratton ont été célébrée dans la simplicité qui le caractérisait, en église Notre-Dame-de-Lourdes, à Vanier, le secteur d'Ottawa où il a grandi et vécu la plus grande partie de sa vie. La cérémonie était présidée par le père Gérard Deschamps, l'oncle de M. Gratton et le frère de sa tante Gisèle Lalonde, autre figure de proue du mouvement S.O.S. Montfort.

« J'ai passé le Jour de l'An avec lui. Je n'aurais jamais cru qu'il partirait si vite », a partagé le père Deschamps au moment de l'homélie. Un des projets de M. Gratton était apparemment d'écrire un livre sur la vie de son oncle, qui a été missionnaire pendant plus de 40 ans en Papouasie.

Michel Gratton laisse un souvenir indélébile dans la mémoire de tous ceux qui l'ont côtoyé. Le souvenir d'un homme au grand coeur, d'une intelligence remarquable, qui vivait intensément et qui comprenait la « force incomparable d'un message bien transmis », aux dires de son oncle. Croyant, il gardait toujours la chapelet de sa mère dans les poches de son manteau.

Tous se sont rappelés, hier, de l'étincelle qui traversait le regard de M. Gratton chaque fois qu'il parlait de ses trois filles : Valérie, Marie-France et Brigitte. Celles-ci lui ont également rendu un hommage chargé d'émotions, rappelant le rôle important qu'il a joué dans leur éducation. « Nous te faisons la promesse de toujours préserver notre langue, notre foi et notre histoire », s'est engagée Brigitte.

L'animatrice de télévision Ginette Gratton, la soeur aînée de Michel, a dit perdre le grand complice de sa vie. « Nous avons grandi ensemble. Nous sommes allés à l'école ensemble. Nous sommes sortis ensemble. Encore aujourd'hui, nous habitions le même immeuble. Chaque semaine, autour d'un club sandwich, nous élaborions des stratégies pour changer le monde ».

Dans les souvenirs de son frère cadet Denis, chroniqueur au Droit, Michel Gratton restera toujours un bon vivant qui adorait chanter, gratter sa guitare et qui ne manquait pas une occasion de faire la fête.

Le jour de son décès, M. Gratton venait d'achever la rédaction d'un fascicule sur l'histoire du collège catholique Samuel-Genest, intitulé Comme un gros coeur qui bat. Le titre en a fait sursauté plus d'un, hier, tellement il colle à la peau de son auteur.

« C'était un géant ! Il aimait sa communauté. Personne n'en était plus amoureux que lui », de noter Gérald Savoie, l'ancien patron de l'hôpital Montfort avec qui M. Gratton a passé d'innombrables heures à élaborer des plans de communications à l'époque où la survie de l'établissement était menacée par le gouvernement de l'Ontario.

« Il avait une plume exceptionnelle. Il savait susciter l'émotion, mais jamais pour le plaisir de le faire. Il le faisait toujours au moment opportun », a confié au Droit le commissaire aux services en français de l'Ontario, François Boileau, qui s'est déplacé de Toronto pour assister aux funérailles de M. Gratton.