S'estimant injustement traitée par la Société de transport de Montréal, la Ville de Laval gardera dans ses coffres 2 des 2,4 millions de dollars qu'elle devait verser en contribution en 2011.

L'administration du maire Gilles Vaillancourt veut ainsi dénoncer l'iniquité dont seraient victimes les milliers d'usagers lavallois du métro. L'an prochain, ils devront payer 113$ par mois, soit le prix de la carte TRAM 3, pour prendre le métro à l'une des trois stations de Laval. En comparaison, la nouvelle carte CAM-Longueuil coûtera 82$ et, à Montréal, la CAM coûtera 72,75$.

Ce n'est qu'en janvier 2012, soit 18 mois après la date prévue, que les usagers de Longueuil et de Laval paieront le même tarif, celui de la TRAM 3. Le maire Vaillancourt a encore dénoncé cette différence de traitement lundi, lors de la présentation de son budget, et il a annoncé ses couleurs: la STM recevra un chèque amputé l'an prochain.

«La STM connaît notre position. Elle vient d'augmenter les tarifs, a-t-il expliqué en réponse aux questions des journalistes. Comme elle a augmenté les tarifs et réduit l'écart entre ceux de Laval et de Longueuil, nous lui enverrons en pourcentage un chèque qui correspond à l'ajustement qu'elle a fait. Quand elle les ajustera entièrement, nous la paierons entièrement.»

Il a cependant été incapable de chiffrer la somme manquante et il a expliqué que le service des finances était en train de l'évaluer. Le verdict est tombé 24 heures plus tard. Selon un calcul complexe, on estime que Laval est en droit de ne payer que 22,9% de sa contribution de 2,4 millions en 2011, soit 550 000$. «Nous le faisons au nom de l'équité tarifaire, a expliqué Dean Dussault, porte-parole de la Ville. Nous sommes quand même ouverts à trouver un compromis.»

Lu dans les journaux

Du côté de la STM, on a accueilli la nouvelle avec flegme. «Pour nous, ça ne change rien: on a entrepris des démarches auprès de l'Agence métropolitaine de transport pour que Laval paie sa pleine part, dit la porte-parole Odile Paradis. Le processus suit son cours.» La STM, précise-t-elle, a appris la nouvelle comme le commun des mortels, en lisant les journaux mardi matin. Ces 2 millions retenus par Laval représentent à peine 0,16% du budget de 1,2 milliard de la Société de transport. On est loin de la contribution de l'agglomération de Montréal, qui s'établira à 388 millions en 2011.

La part lavalloise est en fait incluse dans une enveloppe plus globale, celle des 82 municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) qui ont accepté en 2007 de financer en partie le déficit d'exploitation du métro. Cette entente concernant les règles de partage du déficit «métropolisable» du métro devait rapporter 8,3 millions l'an prochain. Laval, qui refuse systématiquement de payer sa part depuis 2008, doit quelque 4 millions de dollars à Montréal.

En outre, contrairement à l'agglomération de Montréal, qui a accepté le principe d'une taxe de 45$ sur l'immatriculation qu'on s'attend à percevoir à partir de l'été prochain, Laval n'a pas prévu pareille nouveauté dans son budget 2011. Le maire Vaillancourt ne s'en cache pas: le principe lui déplaît. «Dans un discours que j'ai prononcé au début du mois de novembre, j'ai annoncé qu'il faudrait surtout regarder du côté des taxes sur l'essence, a-t-il expliqué en point de presse. J'invite M. Tremblay à regarder de nouveau, puisque la mesure semble être difficile pour lui, du côté des taxes sur l'essence.»

En mai dernier, le maire Gérald Tremblay avait réussi à convaincre ses homologues de la CMM de hausser la taxe sur l'essence de 1,5 cent à 3 cents le litre. La différence représente des recettes supplémentaires de 31,6 millions pour la STM en 2011. La Presse a révélé cette semaine que 28 millions provenant de cette nouvelle taxe dorment dans les coffres de l'AMT.