C'est à l'unanimité que les délégués au congrès de la FTQ ont voté, mardi, en faveur d'un code d'éthique touchant les membres du Bureau de la centrale syndicale.

Pour poser un geste marquant, les délégués ont même voté debout pour montrer l'importance de ce scrutin, à l'invitation du président de la FTQ, Michel Arsenault.

Selon la résolution, un comité sera désormais chargé de rédiger un code d'éthique applicable aux membres du Bureau de la Fédération des travailleurs du Québec. Sa composition est détaillée dans la résolution. Ce futur code devra d'abord être présenté au Bureau de la FTQ, puis soumis au conseil général pour adoption au plus tard à l'automne 2011.

Avant de voter à l'unanimité et debout en faveur de cette proposition, les délégués s'étaient vidés le coeur pendant plus d'une heure et demie, bon nombre d'entre eux critiquant la façon dont les médias ont traité la FTQ depuis plus d'un an.

Certains ont parlé de «campagne de salissage», parce que dans les médias, la FTQ ne bénéficiait pas de la présomption d'innocence.

D'autres ont dénoncé ceux qui, dans leurs rangs, ont critiqué leur syndicat dans les médias plutôt que de régler leurs différends à l'interne. Au Saguenay, en effet, un groupe d'opposants au président Arsenault s'est montré critique dans les médias, allant même jusqu'à suspendre pendant un certain temps le versement des cotisations à la centrale syndicale.

D'autres ont souligné le fait qu'en se dotant d'un tel code d'éthique, la FTQ y gagnera en crédibilité auprès de ses membres, du public et des médias.

«Un code d'éthique, c'est des lignes directrices, mais c'est aussi des lignes protectrices pour une organisation, a plaidé Marie Louis-Seize, qui représente des employés de bureau de Bell Canada. Ça enlève le doute au niveau de nos membres, parce qu'ils en ont parlé dans nos réunions. On peut juste être en faveur de ça. On vit avec dans nos emplois; on devrait vivre avec dans nos instances syndicales. Alors, pour la transparence au niveau des membres et au niveau des médias, pour la confiance, on peut juste être en faveur.»

«Le code d'éthique, c'est un rempart et c'est un argument essentiel contre la campagne de presse qu'on vit présentement», s'est exclamé Denis Fréchette, du Syndicat des employés professionnels et de bureau.

Certains ont invité à la prudence avec les balises de ce futur code d'éthique qui risqueraient d'être trop restrictives, en empêchant, par exemple, des actions syndicales de protestation comme le barrage de routes.

L'un d'eux, Daniel Roy, directeur québécois du Syndicat des métallos, a expliqué qu'il doit régulièrement se rendre dans des mines situées dans des régions éloignées du Québec pour y rencontrer ses membres. «Moi, comme directeur des Métallos, quand j'ai besoin de prendre l'avion pour aller à Ragland (mine de nickel au nord du Québec), il n'y en a qu'un qui va là et c'est l'avion de la compagnie Xstrata. Il faut toujours bien que j'embarque dans l'avion de la compagnie», s'est-il exclamé.

Michel Arsenault a conclu les échanges en invitant les délégués à voter pour ou contre mais debout. «Oui, on va s'imposer des balises mais, en même temps, je comprends plusieurs témoignages aussi: il ne faut pas que nos balises nous paralysent», a-t-il lancé.

Lui-même avait été pointé du doigt par Radio-Canada, qui avait révélé qu'il était monté sur le yacht de l'entrepreneur Tony Accurso, un ami de longue date.