La hausse du nombre de naissances, au Québec, n'est pas sans conséquence: un nombre croissant de femmes peinent à obtenir un suivi de grossesse en raison de la pénurie d'obstétriciens. Une fois le bébé mis au monde, l'épreuve n'est pas terminée, car trouver un pédiatre est aussi de plus en plus ardu.

La situation est la même dans l'ensemble des hôpitaux de la grande région de Montréal: «Par rapport à la demande de suivis de grossesse, l'offre ne suffit plus», dit le chef du département des naissances de l'hôpital du Sacré-Coeur, le Dr Michel Welt.

«Environ 25% des femmes enceintes n'ont pas accès à un suivi médical durant le premier trimestre de leur grossesse. À Montréal, entre 1800 et 2000 femmes enceintes essaient actuellement de trouver un médecin, sans succès. On vit une crise», confirme le directeur du service d'obstétrique de l'hôpital Royal Victoria, le Dr Robert Gagné.

Au centre Mère et monde, qui offre des services d'accompagnement à la naissance, la directrice, Sylvie Thibault, note qu'un nombre croissant de femmes n'obtiennent pas de suivi de grossesse. «On voit surtout ça depuis deux ans. Les femmes doivent attendre au moins trois mois avant d'avoir un suivi. Mais que font-elles quand elles ont des questions? demande Mme Thibeault. Si elles ont des nausées, et on sait que ça arrive surtout en début de grossesse, qui peut leur prescrire quelque chose pour les aider?»

Refus de patientes

À l'hôpital St. Mary's, celui qui reçoit le plus de naissances à Montréal, la hausse du nombre d'accouchements crée une forte pression. «On a 10 ou 15 appels par jour de patientes qui se cherchent un médecin», confirme Marie-France Brizzard, chef du département.

La chef du programme d'obstétrique de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), France Choquette, dit refuser 40 suivis de grossesse par mois.

Obstétricienne à l'HMR, Annie Piché affirme que, il y a deux ans, elle pouvait prendre dix nouvelles patientes par semaine. «Mais là, je ne peux en prendre que trois par semaine. On doit limiter le nombre de patientes parce qu'on manque de place et d'infirmières pour les accoucher», déplore-t-elle.

À l'hôpital LaSalle, l'adjointe du chef du département d'obstétrique, Renée Bougie, dit aussi que plusieurs patientes cherchent un médecin pour un suivi de grossesse. «Mais on n'en a pas! Pour la pédiatrie aussi, c'est difficile», dit-elle.

Pénurie en pédiatrie

Avec cette hausse des naissances, trouver un pédiatre devient de plus en plus difficile. «Si votre enfant a un grave problème, il sera pris en charge. Mais s'il est en santé, ce sera difficile d'avoir un suivi pédiatrique», reconnaît la présidente de l'Association des pédiatres du Québec, la Dre Pascale Hamel.

Celle-ci explique que, surtout à Montréal, on commence à voir des enfants sans suivi pédiatrique. «Ils ne sont examinés que lorsqu'ils visitent les urgences», dit-elle. La situation n'est «pas encore catastrophique, dit-elle, mais on se penche sur la question parce qu'on manque réellement de pédiatres au Québec».