L'étui des armes à feu des agents du Service de police de la Ville de Montréal est doté de mécanismes de sécurité. Si leur fonctionnement était rendu public, la vie des policiers serait en péril.

C'est la prétention de la Ville de Montréal, qui s'est opposée hier à la tenue d'un débat sur ces dispositifs dans l'enquête sur la mort de Fredy Villanueva, abattu par l'agent Jean-Loup Lapointe à Montréal-Nord au mois d'août 2008.

L'avocat de la Ville, Me Pierre-Yves Boisvert, a annoncé son intention de s'adresser à la Cour supérieure pour contester la décision du coroner André Perreault d'entendre les arguments des différentes parties, même si le débat devait être frappé d'un interdit de publication.

Selon les avocats du clan Villanueva, les jeunes n'avaient aucune chance de s'emparer de l'arme du policier le soir du drame. Jean-Loup Lapointe a affirmé avoir eu «très peur» d'être désarmé.

Les avocats des jeunes ont voulu poser des questions sur les dispositifs de sécurité à Bruno Poulin, expert en emploi de la force à l'École nationale de police, qui subit son contre-interrogatoire. La Ville s'y est opposée chaque fois.

Alexandre Popovic, représentant de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP), a invoqué un argument pour discréditer celui de la Ville. Une ordonnace de non-publication nous empêche toutefois d'en faire état.

Interrogé par M. Popovic, Bruno Poulin a admis mardi avoir dîné avec l'agent Jean-Loup Lapointe et son avocat au tout début de l'enquête du coroner, le 26 mai 2009. M. Popovic cherchait à remettre en doute l'indépendance de l'«expert», qui témoigne à la demande de la Ville et du Directeur des poursuites criminelles et pénales.

Bruno Poulin a expliqué avoir été invité au dîner par l'avocat de Jean-Loup Lapointe, Me Pierre Dupras. M. Poulin a affirmé ne pas avoir abordé les faits de la cause pendant cette rencontre, qui visait selon lui à établir un «premier contact» avec l'agent Lapointe. «M. Lapointe veut me connaître, voir ma personnalité. (...) Il veut savoir avec qui il a affaire. C'est tout à fait légitime qu'il me rencontre», a dit Bruno Poulin, hier.