Le géant américain de l'hôtellerie Hyatt Hotels a signé hier la deuxième plus grosse introduction en Bourse de l'année à Wall Street, une opération qui va lui rapporter près de 1 milliard US en pleine crise du secteur touristique.

La chaîne hôtelière, dont le siège social se situe à Chicago, a introduit 38 millions d'actions sur le marché au prix de 25$US l'action, lui permettant de recueillir 950 millions US. Ce prix se situe dans le haut de la fourchette prévue (entre 23 et 26$US).

Les investisseurs ayant souscrit à l'opération disposent de 30 jours pour acheter 5,7 millions de titres de plus, ce qui pourrait porter la somme levée à 1,0925 milliard US.

Pour autant, la riche famille Pritzker, propriétaire de la marque depuis 1957, entend bien garder le contrôle, au moins jusqu'en 2015: «Les intérêts de la famille Pritzker continueront à garder une influence importante ou à contrôler les décisions» exigeant l'accord des actionnaires, même si elle détenait moins de 50% de participation, avait indiqué le groupe en août.

C'est la 18e introduction en Bourse sur le New York Stock Exchange cette année et la deuxième plus grosse, après celle de Banco Santander le 7 octobre, qui avait permis de recueillir 7 milliards US.

L'action, cotée sous le symbole «H», était en forte hausse au premier jour de sa cotation: elle a bondi de 12% à 28$US dans la journée.

Les hôtels Hyatt s'étaient déjà introduits en Bourse dans les années 1960, avant que la famille Pritzker n'en reprenne le contrôle entre 1979 et 1982, les retirant de la cote. Avant leur retour sur le marché, ils appartenaient encore à 85% à la famille.

«C'est positif de voir une forte marque du secteur du tourisme et du loisir réaliser une bonne performance pour son premier jour de cotation», a commenté Craig Peckham, de la maison de courtage Jefferies.

Bouffée d'oxygène

Les fonds obtenus vont en effet apporter une bouffée d'oxygène à la chaîne, forte de 413 établissements, soit 119 509 chambres et quelque 80 000 employés, mais qui n'a pas échappé à la lourde crise frappant l'industrie touristique.

Le groupe, qui avait dégagé 168 millions US de profits l'an dernier, a clos le premier semestre avec une perte nette de 36 millions US. Ses dettes s'élèvent à 858 millions US.

Malgré ces difficultés, Hyatt reste un groupe qui a «plus de liquidités qu'il n'en a besoin», a expliqué à l'AFP un analyste de Standard and Poor's, Emile Courtney.

Le groupe de Chicago est classé par l'agence d'évaluation à «BBB», ce qui le place à égalité avec son concurrent Marriott, parmi les valeurs solides mais qui ne sont pas totalement à l'abri d'un retournement de conjoncture.

La crise du tourisme et des voyages d'affaires due à la crise économique interdit de classer mieux encore l'établissement, a expliqué M. Courtney: «Cela va être l'année la pire pour le secteur, de loin.»

Pour Hyatt, le retour sur la place new-yorkaise doit aussi permettre aux héritiers de la famille Pritzker, dont les querelles sont de notoriété publique, de dénouer les liens les unissant en monétisant leurs parts dans l'empire familial.

Actuellement, Thomas Pritzker est président du conseil d'administration, où siège également Penny Pritzker, qui avait piloté les finances de la candidature présidentielle de Barack Obama. Le directeur général, Mark Hoplamazian, est en revanche extérieur à la famille.

En 2002, l'actrice Leslie Pritzker avait poursuivi en justice son père et ses cousins, les accusant d'avoir tenté de les spolier, elle et son frère Matthew, et réclamait 6 milliards US. Les plaignants étaient alors âgés de 19 et 20 ans.