La campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1) s'accélère à Montréal et dans l'ensemble du Québec, mais n'empêche pas encore la propagation du virus et la multiplication des cas. Tant à Québec qu'à Ottawa, l'opposition s'interroge sur l'efficacité des mesures, alors que moins de la moitié des doses du vaccin distribuées par le gouvernement fédéral ont été administrées jusqu'à maintenant.

La première journée de vaccination massive s'est relativement bien déroulée dans la métropole hier, mais la grippe gagne du terrain, accentuant la pression sur le réseau de la santé. Un nouveau décès a d'ailleurs été enregistré hier.

Il s'agit d'une personne d'une soixantaine d'années qui résidait en Outaouais et souffrait d'une maladie chronique. C'est le quatrième décès à survenir au Québec depuis le début de la deuxième vague de grippe A (H1N1) et le deuxième en autant de jours.

Les cas de grippe sont d'ailleurs plus nombreux de jour en jour. De mercredi à hier, 55 personnes ont été hospitalisées, ce qui porte le total à 387 depuis le début de la deuxième vague, le 30 août dernier.

Cette semaine, 438 des 3428 écoles de la province ont rapporté un taux d'absentéisme supérieur à 10%, comparativement à 291 la semaine dernière.

Mais la vaccination va bon train, a assuré le ministre de la Santé, Yves Bolduc. «Tous ceux qui voudront être vaccinés pourront l'être d'ici Noël», a-t-il affirmé.

Quelque 700 000 Québécois ont été vaccinés à ce jour, estiment les responsables de la santé publique. Pour rejoindre des milliers de personnes, il faudra toutefois accélérer la cadence.

C'est possible, a affirmé le directeur national de la santé publique du Québec, le Dr Alain Poirier, qui prévoit qu'au plus fort de la campagne, jusqu'à 100 000 personnes pourront être vaccinées chaque jour.

«Quand la production (de vaccins) va vraiment arriver, on va doubler le nombre de doses que l'on reçoit chaque semaine. Quand on va entrer dans (la vaccination) de la population en général, on va pouvoir multiplier le nombre de centres de vaccination. C'est prévu», a déclaré le Dr Poirier.

Sur le terrain, la campagne de vaccination semble se dérouler plus rondement depuis l'implantation d'un système de coupons.

«Malgré l'ampleur et la complexité de l'exercice, jusqu'à maintenant, nous pouvons dire que la campagne de vaccination se déroule relativement bien», a ainsi déclaré le ministre Bolduc.

C'est le cas dans la région de Montréal. Dix centres de vaccination ont ouvert leurs portes hier. Dès la fin de semaine, 14 centres seront ouverts 12 heures par jour.

«Nous n'avons pas encore dressé le bilan de cette première journée, mais les premières impressions montrent que ça s'est bien passé. Nous n'avons pas été informés de problèmes sérieux», a indiqué l'une des porte-parole de l'Agence de santé et de services sociaux de Montréal, Deborah Bonney.

Du fil à retordre pour le ministre Bolduc

À l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a été malmené par le critique péquiste, Bernard Drainville. Ce dernier voulait savoir pourquoi des doses de vaccins dorment dans les entrepôts au lieu d'être distribuées.

Un article du Globe and Mail publié hier a révélé que 5,8 millions de doses avaient été distribuées par Ottawa aux provinces, mais que seulement 2,2 millions avaient été administrées à ce jour.

«Il y a actuellement au Québec des milliers et des milliers de personnes qui attendent d'être vaccinées», a lancé M. Drainville au ministre.

Il est normal que des doses se retrouvent dans les entrepôts, a rétorqué M. Bolduc. Une fois les doses reçues, il faut compter un minimum de cinq à sept jours pour empaqueter les vaccins et les distribuer.

«C'est un délai extrêmement court, compte tenu que c'est un produit très sensible au froid et qu'on doit respecter des critères de qualité», a expliqué le ministre.

Il estime d'ailleurs que le Québec fait mieux que l'Ontario. Plus de 700 000 Québécois ont été vaccinés à ce jour, pour une population de 7,7 millions de personnes. L'Ontario a inoculé 322 000 personnes sur une population de 11 millions d'habitants.

Mais le ministre Bolduc s'est aussi retrouvé sur la défensive parce qu'il avait dit mercredi qu'il était «inacceptable» que des détenus du centre de Salaberry-de-Valleyfield aient eu droit au vaccin sans être sur une liste prioritaire.

Or, les détenus de Bordeaux, Rivière-des-Prairies, Saint-Jérôme et Orsainville ont aussi bénéficié de ce passe-droit, a souligné Bernard Drainville.