Quand Stéphanie Mailhot a obtenu son baccalauréat en éducation de l'Université d'Ottawa, il y a quatre ans, elle s'attendait à devoir rouler sa bosse dans le système scolaire francophone de la capitale pendant quelques années avant de décrocher un poste d'enseignante à temps plein.

Mais à peine un mois après avoir célébré la fin de ses études, cette jeune Franco-Ontarienne apprenait que ses services avaient été retenus à l'école secondaire publique Mille-Îles... à Kingston. Une petite école de cinq enseignants et d'une cinquantaine d'étudiants de la septième à la douzième année, située dans un milieu ultra-anglophone.

«Ce n'était pas la plus belle école de Kingston, mais on l'a faite la nôtre, dit-elle. Et puisque nous n'étions pas intégrés à une école anglophone (comme certaines écoles francophones ailleurs en Ontario), on pouvait offrir tous les services en français.»

«Mais j'avoue que j'ai eu beaucoup de difficultés à m'intégrer durant ma première année là-bas, poursuit-elle. La communauté francophone de Kingston était présente, mais elle n'était pas active. Donc les gens ne participaient pas beaucoup. Mais une fois que j'ai pu m'intégrer à cette communauté et au centre culturel francophone, j'ai organisé d'innombrables activités parascolaires et les enfants ont embarqué. Et les parents ont suivi.»

Une bûcheuse infatigable

Stéphanie Mailhot n'a pas compté ses heures pour promouvoir la langue française dans son nouveau milieu. Création de l'annuaire de l'école, planification et mise en scène des spectacles de Noël et de fin d'année, sorties éducatives, création du journal étudiant, barbecue de la rentrée, le festival «Quand ça nous chante», création d'un concours d'humour en milieu scolaire, bénévole au Festival de la francophonie, responsable d'une heure d'antenne francophone à la radio de l'Université Queen's... et ce ne sont que quelques exemples.

«Plus j'organisais des activités, plus les jeunes et leurs parents participaient, dit-elle fièrement. J'ai travaillé trois ans à Kingston et c'est une expérience que je n'oublierai jamais. Je pense que j'ai fait des petites choses qui ont fait une différence dans la vie de mes élèves.»

Stéphanie est revenue chez elle, à Ottawa, en septembre 2008 pour occuper le poste de conseillère pédagogique au Conseil des écoles publiques de l'Est de l'Ontario.

Et son implication dans la communauté francophone n'a pas diminué, elle qui fait du bénévolat pour l'Association professionnelle de la musique et de la chanson d'Ottawa (Concours Ontario Pop, Gala des prix Trille Or).

Une question de fierté

Mais pourquoi la francophonie est-elle si importante dans la vie de cette jeune femme de 28 ans?

«C'est une question de fierté, répond-elle. Mes parents étaient de fiers francophones. Et je trouve ça triste quand je vois des amis de mon âge qui commencent à avoir des enfants et qui les envoient à l'école anglophone. Il y en a beaucoup trop comme ça. À Kingston, j'entendais des gens dirent quece n'était pas grave de ne pas être bilingue. C'est faux: nos élèves obtenaient de l'emploi beaucoup plus rapidement que les élèves unilingues anglophones.»

«Je crois dans l'importance de vivre en français, poursuit-elle. Et je travaille dans un domaine où je peux inciter les élèves à continuer de parler le français et leur montrer l'importance d'être bilingue. Par mon cheminement, je peux montrer l'exemple, et je montre aussi aux étudiants les portes qui m'auraient été fermées si je ne parlais pas le français. Mais c'est d'abord et avant tout une question de fierté.

Et d'où vient ce côté fonceuse chez toi?», que je lui demande en fin d'entrevue.

«Je suis enfant unique, répond-elle, et mon père est décédé du cancer quand j'avais 10 ans. Ma mère m'a donc élevée seule. J'ai appris très tôt dans la vie à me débrouiller et à foncer.»