Un adolescent de 16 ans s'est retrouvé aux soins intensifs, en fin de semaine, dans un état critique, après une agression physique qui lui a causé un traumatisme crânien et une profonde entaille au-dessus d'un oeil. L'incident a été vu par des milliers de personnes. Le coupable a même été filmé, se ruant vers la victime à vive allure avec un bâton qu'il tenait à deux mains à la hauteur des épaules. La police n'est pas intervenue. Personne n'a même appelé les autorités policières, et l'agresseur a pu tranquillement rentrer chez lui!

Comment, direz-vous, une situation semblable a-t-elle pu se produire ici, dans un pays où les lois interdisent un tel comportement et imposent des châtiments parfois exemplaires aux coupables? La raison est simple. L'incident a eu lieu sur une patinoire, pendant un match de hockey de la Ligue de hockey de l'Ontario, à Kitchener, vendredi dernier. Les images montrent clairement Michael Liambas, un joueur de 20 ans des Otters d'Érié, fonçant sur le jeune Ben Fanelli, et le projetant tête première dans la bande. Ce dernier s'est affaissé dans une marre de sang.

M.Liambas a été expulsé du match et suspendu pour le reste de la saison et les séries éliminatoires. Mais, un jour, il reprendra probablement sa place sur une patinoire et jouera de nouveau le dur à cuire, et qui sait, peut-être aura-il l'occasion d'infliger des blessures graves à un autre adversaire qui ne l'aura pas vu venir. Pendant ce temps, l'état de M.Fanelli est toujours jugé très sérieux et personne ne sait quand - ou si - le jeune hockeyeur pourra poursuivre une carrière jusque-là prometteuse.

On se rappellera l'attaque par-derrière de Todd Bertuzzi contre un joueur de l'Avalanche du Colorado, Steve Moore, à Vancouver, en mars 2004. Avec trois vertèbres du cou fracturées et une grave commotion cérébrale, Steve Moore n'a jamais pu retrouver une forme physique qui lui permettrait de jouer au hockey professionnel. Il est aujourd'hui sans emploi. Pendant ce temps, Todd Bertuzzi continue d'engranger de bons salaires et endosse cette saison l'uniforme des Red Wings de Détroit.

Le cas Bertuzzi était tellement flagrant que des accusations de voies de fait causant des lésions corporelles ont été portées contre le joueur des Canucks de Vancouver. Ce dernier a avoué sa culpabilité et s'est vu imposer une année de liberté surveillée ainsi que des travaux communautaires une peine très légère si l'on considère la gravité de l'acte. L'agression de Jonathan Roy, gardien des Remparts de Québec, contre le gardien des Saguenéens, dans le cadre d'une bagarre générale, a également été judiciarisée. M.Roy s'en est tiré sans même un casier judiciaire.

Trop peu d'incidents du genre font l'objet d'accusations criminelles, et les rares qui se rendent devant les tribunaux ne sont pas jugés à leur juste valeur. La liste des joueurs vedettes blessés de la LNH et des ligues junior s'allonge et les auteurs de coups vicieux continuent de patrouiller les patinoires à la recherche de nouvelles victimes. Quant aux équipes et ligues qui tolèrent cette violence, elles s'en font complices.