Coup de théâtre dans le secteur automobile: le constructeur américain General Motors (GM) décide de ne plus vendre sa marque Opel au canadien Magna, en raison d'un «environnement devenu plus favorable», et qu'il tenterait plutôt de la restructurer.

«Vu l'amélioration de l'environnement pour GM ces derniers mois et étant donné l'importance d'Opel-Vauxhall pour la stratégie internationale de GM, le conseil d'administration a décidé de conserver Opel et va engager une restructuration de ses activités en Europe le plus rapidement possible», explique le groupe dans un communiqué publié en fin de journée hier.

Le constructeur va «rapidement présenter son plan de restructuration en Allemagne et aux gouvernements concernés et espère qu'ils l'accueilleront favorablement», a ajouté Fritz Henderson, directeur général du groupe.

Magna et la banque russe Sberbank avaient été choisis en septembre pour reprendre Opel et Vauxhall, en grande difficulté financière. Mais GM était toujours propriétaire d'Opel, le transfert effectif des activités n'ayant pas encore été effectué.

Magna, plus grand fabricant de pièces automobiles du Canada, dirigé par Frank Stronach, comptait sur l'acquisition d'Opel pour faire grimper ses ventes en Russie, un marché prisé.

Magna et Sberbank de-vaient prendre le contrôle de 55% du capital du constructeur allemand, GM n'en conservant que 35% et les employés d'Opel en obtenant 10%.

L'option Magna-Sberbank avait été validée par le gouvernement de la chancelière Angela Merkel, qui avait promis de débloquer un financement relais de 1,5 milliard d'euros pour maintenir Opel à flot et une offre de crédit supplémentaire de 4,5 milliards d'euros pour finaliser le contrat.

Le Trésor américain, qui détient le contrôle de GM, a aussitôt affirmé que le constructeur avait décidé seul de garder sa filiale allemande, sans aucune intervention de l'État fédéral.

«Le gouvernement n'a pas participé à cette décision, qui a été prise par le conseil d'administration de GM», a indiqué une porte-parole, Meg Reilly.

«Je suis consterné et en même temps énervé que les mois d'efforts pour trouver la meilleure solution possible Opel aient échoué à cause de General Motors», a déclaré Roland Koch, chef du gouvernement régional de Hesse, où se trouve l'usine Opel de Rüsselsheim, immédiatement après l'annonce de GM.

«Nous comprenons que la complexité et la lenteur de ce processus ont été épuisantes pour tous ceux qui y étaient partie prenante. Mais depuis le début, notre but a été d'assurer la meilleure solution à long terme pour nos clients, employés, fournisseurs et revendeurs», a ajouté Fritz Henderson,

La solution finalement choisie a été jugée «la plus stable et la moins coûteuse pour assurer l'avenir d'Opel-Vauxhall à long terme», a-t-il poursuivi.

GM évalue que la restructuration envisagée coûterait environ 3 milliards d'euros (4,7 milliards CAN).

Ventes

La décision de GM survient au moment où une embellie se confirme dans le secteur automobile.

Ford et GM ont vu leurs ventes augmenter de respectivement 4,1% et 3,1% en octobre sur un an aux États-Unis, tandis que celles de Chrysler ont continué à plonger avec un recul de 30%.

En septembre, les ventes de Ford avaient reculé de 6% sur un an, celles de GM de 20% et celles de Chrysler, qui doit dévoiler aujourd'hui sa nouvelle stratégie, avaient chuté de 42%.

Ford, y compris Volvo, a écoulé 136 920 véhicules en octobre, soit une hausse de 3,1%.

C'est beaucoup mieux que ne le prévoyait le cabinet Edmunds.com, qui tablait sur un recul de 3,5% en un an des ventes de Ford.

GM a vendu de son côté 177 603 véhicules le mois dernier, en hausse de 4,1% sur un an. C'est sa première progression depuis janvier 2008, il y a presque deux ans, mais moins que ne le prévoyait Edmunds.com, qui parlait d'une augmentation de 5,7%.

General Motors souligne que sa part de marché «a augmenté pour le troisième mois d'affilée, à 21% du total des véhicules légers».