Les groupes d'électronique japonais sont toujours lourdement affectés par la crise économique qui amoindrit leurs ventes mondiales, d'autant qu'elle s'accompagne d'un défavorable taux de la devise japonaise, mais ils luttent et commencent à en voir les effets.

Sony, Panasonic, Toshiba, Hitachi ou encore Sharp ont tous fait état la semaine dernière de pertes massives au terme de la première moitié de l'année budgétaire d'avril 2009 à mars 2010, victimes d'une décrue de leurs ventes dans des proportions de 10 à 25%.

Sony, le fleuron nippon du secteur de l'audiovisuel grand public, a accusé un déficit net semestriel de 63 milliards de yens (747 millions CAN), en raison d'une chute de 19,5% de son chiffre d'affaires à 3261 milliards de yens (38 milliards CAN).

Même si le décès de Michael Jackson a dopé les ventes de ses disques au profit de Sony Music, ce coup du sort est loin de compenser les manques à gagner endurés par ailleurs.

«Du fait de l'impact de la concurrence qui tire les prix vers le bas, de la récession qui affaiblit la consommation et de la hausse de la devise japonaise qui minore les recettes tirées de l'étranger, les revenus issus des télévisions à cristaux liquides (LCD) et des appareils photo ont baissé tant en valeur qu'en volume», a reconnu Sony.

Les ventes trimestrielles des consoles de jeux vidéo ont été mitigées: celles de PlayStation 3 (PS3) se sont élevées grâce au lancement d'un nouveau modèle et à une baisse de tarif, mais les autres ont fléchi.

Panasonic a fait état d'un déficit net de 47 milliards de yens (552 millions CAN) pour le premier semestre 2009-2010, lié au plongeon de 23% de ses ventes à 3333 milliards de yens (39,3 milliards CAN).

Le groupe est parvenu de justesse à sauver son bénéfice d'exploitation, mais ce dernier a été divisé par près de 8 en un an.

«La récession a rétréci la demande, un phénomène qui coïncide avec la transition du marché mondial vers les pays émergents et les produits à moindre prix», a observé Panasonic.

Les ventes semestrielles de matériel audiovisuel ont fléchi de 23%.

«Même si au Japon les achats de téléviseurs à écran plat ont repris et si les ventes mondiales d'enregistreurs Blu-Ray ont été plutôt favorables, à l'étranger, les télévisions et les appareils photo numériques ne se sont pas arrachés», a expliqué Panasonic.

Malgré cela, les entreprises signalent qu'elles ont observé une légère amélioration dans la deuxième partie de la période considérée.

Tout en insistant sur le fait que «l'environnement reste difficile», elles attribuent cette lueur d'embellie d'une part à un redémarrage encore ténu mais réel des commandes, en raison des déstockages accomplis et des achats en provenance de Chine où la croissance s'est de nouveau accélérée.

Les acteurs du secteur assurent d'autre part que les mesures qu'ils ont rapidement prises pour combattre les calamités économiques, en jouant notamment sur la diversité de leurs activités et leurs moyens de production, ont commencé de restaurer leur rentabilité.

Sony confie de plus en plus l'assemblage de certains de ses produits à des tiers et réduit le nombre de ses installations et fournisseurs pour amoindrir ses frais.

Sharp a mis l'accent sur des produits respectueux de l'environnement (panneaux solaires, ampoules à diodes économes, etc.) et bons pour la santé (purificateurs d'air, etc.). Il a aussi renforcé sa gamme de téléviseurs à écran à cristaux liquides (LCD), avec la mise en route d'une nouvelle usine employant des technologies inusitées et à très haut rendement.

Hitachi et Toshiba, conglomérats ultra-diversifiés, ont pour leur part délaissé les activités les plus marginales au profit de celles qui offrent à leurs yeux le plus important potentiel (énergies propres, nouveaux réseaux, infrastructures intelligentes, technologies de sécurité, etc.).