Les électeurs de Longueuil ont mis fin hier à 27 ans de fidélité au Parti municipal. La chef d'Action Longueuil, Caroline St-Hilaire, l'a détrôné et avait obtenu 53% des votes au moment de mettre sous presse.

Mme St-Hilaire est ainsi devenue la première mairesse élue de cette municipalité de la Rive-Sud. La candidate a récolté 34 291 voix et son adversaire, Jacques Goyette, du Parti municipal de Longueuil (PML), en a obtenu 30 504.

«Nous venons de franchir la première étape de la marche vers le changement tant attendu», a déclaré Mme St-Hilaire peu après sa victoire, devant quelque 200 partisans réunis dans un restaurant.

«Nous ne vous décevrons pas. Nous allons remettre la Ville à votre service. Nous reprendrons le chemin de l'éthique, de l'intégrité et de la transparence», a ajouté la nouvelle mairesse.

Caroline St-Hilaire, qui a été députée du Bloc québécois dans Longueuil-Pierre-Boucher pendant 11 ans, a fait le saut en politique municipale il y a à peine six mois.

En devenant chef d'Action Longueuil, Mme St-Hilaire, 40 ans, voulait mettre fin au règne du PML. Avant l'élection d'hier, 23 conseillers de la Ville de Longueuil étaient du PML alors que seulement trois étaient indépendants.

Malgré la défaite de M. Goyette, le PML demeurera tout de même très présent à l'hôtel de ville puisqu'il a mis la main sur la majorité des postes de conseiller. Loin de s'en contrarier, Mme St-Hilaire a plutôt tendu la main à ses nouveaux collègues et a répété que sa victoire, «c'est la victoire de la démocratie».

La campagne électorale a été relevée à Longueuil. Les deux candidats à la mairie ont multiplié les attaques au cours des dernières semaines.

Alors qu'il reprochait principalement à M. Goyette de «manquer de transparence et d'éthique», le parti Action Longueuil a promis d'apporter du changement et de ramener l'éthique à l'hôtel de ville. Mme St-Hilaire a aussi répété sa volonté de construire un métro de surface à Longueuil et d'offrir le transport gratuit aux citoyens de 65 ans et plus.

Fin de règne

Jacques Goyette avait organisé sa soirée électorale dans la grande salle de la Place Desaulniers, où 900 personnes avaient fêté la victoire écrasante de Claude Gladu il y a quatre ans. Mais il n'y en était guère venu plus que la moitié, hier soir, à l'occasion de la fin du règne du PML.

«M. Goyette bénéficiait d'une notoriété moins grande que Mme St-Hilaire, a expliqué le représentant officiel du PML, Normand Messier, quand les premiers résultats ont été annoncés. Mais au fil de la campagne, on sentait dans nos sondages que ça changeait et que M. Goyette dépassait même Mme St-Hilaire. C'est pourquoi nous sommes un peu surpris des résultats.»

«Ce n'est pas la conclusion que nous souhaitions, mais les Longueuillois ont fait le choix du changement dans la manière d'administrer la ville», a déclaré M. Goyette, en ajoutant que «cette campagne a été éprouvante, même cruelle».

Le chef battu, vice-président du comité exécutif de la ville depuis son entrée en politique il y a quatre ans, promet de réunir son équipe pour organiser l'opposition. Mais il n'a rien dit sur son avenir personnel.

Le maire sortant, Claude Gladu, a accueilli avec amertume le verdict des électeurs. «Je le prends mal, très mal. J'ai de la difficulté à comprendre. On a administré la ville de la bonne façon dans les dernières années. C'est un vote pour le Bloc québécois. Je crois que les gens n'ont pas fait la différence entre le fédéral et le municipal.»

Les partisans du PML ont quand même trouvé matière à festoyer avec les conseillers élus; le parti avait 23 sièges sur 26 à l'hôtel de ville, avant les élections, et en conservera au moins 16.

Selon des données partielles, le taux de participation a été de 38,2%; c'est sensiblement le même qu'en 2005.