Vendre des sacs à ordures n'a rien de très sexy. C'est pourtant le créneau dans lequel vient de se lancer Carl Chaussée, un Cowansvillois de 31 ans. Le président de la PME Brome Éco commercialise des sacs à ordures biodégradables qui n'ont pas leurs pareils. En ces temps de rectitude environnementale, le jeune entrepreneur ne cesse de gagner de nouvelles parts de marché et souhaite être connu partout en Amérique du Nord.

Pour atteindre son objectif, M. Chaussée mise sur une technologie très peu répandue: des sacs en polyéthylène auxquels on a ajouté des molécules. Au contact de micro-organismes présents naturellement dans l'eau ou le sol, ces mêmes molécules font en sorte que les sacs à ordures de Brome Éco se dégradent sur une période allant de neuf mois à trois ans. Ce qui est peu, comparé aux sacs conventionnels qui mettraient quelques centaines d'années à disparaître.

Bien sûr, il existe déjà des sacs biodégradables sur le marché. Les sacs en plastique vert du supermarché Maxi en sont un exemple. «Mais ces sacs sont exodégradables, c'est-à-dire qu'ils commencent à se dégrader au contact de l'air. Si quelqu'un achète une grosse quantité de ces sacs et ne les utilise qu'un an plus tard, ils auront commencé leur dégradation. Alors que mes sacs ont une durée de vie infinie sur les tablettes», explique l'entrepreneur.

Made in Québec

Les produits de Brome Éco, qui existent en différentes grandeurs, sont vendus pour quelques dollars sous la marque Génération E. Ils sont fabriqués à Montréal et à Farnham par des sous-traitants. La PME reçoit son plastique en rouleau et s'occupe du coupage, du pliage, de l'emballage et de la distribution. Si l'on exclut la recette de molécules qui vient des États-Unis et pour laquelle Carl Chaussée a acheté les droits d'utilisation, les sacs à ordures de l'entreprise cowansvilloise sont 100 % québécois.

Pour l'heure, la PME offre ses produits dans une centaine de points de vente, dont plusieurs supermarchés IGA des Cantons-de-l'Est et de la Montérégie. Son chiffre d'affaires est d'environ 100 000 $. D'ici 2011, le jeune entrepreneur espère quintupler ses ventes. La tâche est titanesque, mais Carl Chaussée, malgré son jeune âge, s'y connaît en défis.

À 28 ans, il achetait, avec un associé, quelque 40 acres de terrains en périphérie de Cowansville. Il a obtenu tous les permis nécessaires auprès des autorités concernées (notamment le ministère de l'Environnement) et a préparé le terrain pour un développement résidentiel. Il a vendu à profit ses 40 acres à un promoteur.

Carl Chaussée occupe actuellement le poste de directeur de l'informatique chez Les Emballages Knowlton. Brome Éco, dans lequel il s'investit les soirs et les week-ends avec l'aide de son père et d'une jeune représentante aux ventes, le tient occupé sept jours par semaine.

Stratégie de développement

Dans sa stratégie de développement, le jeune père de famille a déjà signifié aux grandes bannières (de Loblaws à Canadian Tire en passant par Costco et RONA) qu'il existait et qu'il avait un produit novateur à leur offrir. Lentement, mais sûrement, on s'intéresse à lui, dit-il. Après le Québec, M. Chaussée souhaite étendre sa présence au reste du Canada et, ultimement, à tout le continent.

Entre-temps, la PME tente de se faire connaître du mieux qu'elle le peut. Notamment en installant des kiosques dans les magasins à grande surface, où elle remet gratuitement des échantillons de ses sacs à déchets. «C'est une opération qui coûte cher, mais qui fonctionne», se console Carl Chaussée.