«Un amalgame de la prise de la Bastille et d'un réveillon du Nouvel An.»

Voilà comment, il y a 20 ans, Time Magazine présentait la chute du mur de Berlin. Le mur de la honte. Érigé dans la précipitation le 13 août 1961, un dimanche, pour empêcher la fuite vers l'Ouest de ceux qui «votaient avec leurs pieds».

Il est vrai qu'entre 1949 et 1961, plus de 3 millions d'Allemands avaient fui la République Démocratique allemande en passant par Berlin. Politi- quement et économiquement, cette hémorragie était devenue catastrophique.

Au fil du temps et des aménagements, ce mur de 3,60 mètres de haut a pris ses aises sur 155 kilomètres. Renforcé par 302 miradors et patrouillé par 14 000 gardes lourdement armés et assistés par 600 chiens policiers.

Hideux symbole de la guerre froide, ce mur a défié le bon sens pendant 28 ans.

Il n'y a pas eu que ce mur. Il y en a eu un autre tout le long de la frontière entre les deux Allemagnes.

Curieux paradoxe qui mérite d'être souligné : les pays socialistes empêchaient les gens de sortir de chez eux tandis que, maintenant, les pays occidentaux empêchent les gens... d'entrer chez eux!

Dans la journée du 9 novembre 1989, un lundi, des dizaines de milliers d'Allemands de l'Est manifestaient dans les grandes villes du pays pour exiger que le mur «s'entrouve». Nombreux étaient ceux qui avaient réussi à entrer en Allemagne de l'Ouest en passant par la Hongrie et l'Autriche.

Tard dans la soirée, les dirigeants est-allemands cédaient. Radios et télévisions lançaient alors cet appel : «Le mur est ouvert!».

À l'occasion du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin, les éditeurs proposent des quantités étonnantes de livres. Tous plus pertinents les uns que les autres.

Le plus facile à lire est Le mur de Berlin et la chute du communisme expliqués à ma petite-fille. Un opuscule de 128 pages signé Marc Ferro et publié par Seuil.

C'est court, c'est simple, c'est didactique.

Marc Ferro est un historien et il est l'un des spécialistes de la Russie et de l'URSS.

Dans ce petit livre, il répond à 25 questions aussi élémentaires que celles-ci : pourquoi ce mur? pourquoi Berlin? comment l'Allemagne a-t-elle vécu cet événement? quelle a été la réaction des Soviétiques?

Si vous ne deviez lire qu'un seul livre, contentez-vous de celui-là!

Dans Berlin 1989, lui aussi publié par Seuil, le journaliste Georges Marion raconte cette folle journée du 9 novembre 1989. Une journée qui a changé le cours de l'Histoire et dont les conséquences se font encore sentir.

Ce livre de 252 pages est constitué de témoignages et d'anecdotes. Il est vrai que l'auteur connaît bien son sujet : il fut le correspondant du journal Le Monde à Berlin.

Avec la grosse brique de Frederick Taylor publiée par JC Lattès, Le mur de Berlin, 1961-1989, on passe à un échelon supérieur.

Taylor enseigne l'histoire à Oxford. Il s'est fait une réputation en traduisant le journal de Goebbels et en écrivant un essai très remarqué : Dresde, le 13 février 1945.

Dans ce livre de 624 pages, il s'attarde sur l'histoire du mur, sur le conflit politique qu'il symbolisait, sur la crise permanente qu'il a provoqué entre l'Est et l'Ouest. Ce mur ne fut pas seulement le mur de la honte, mais il fut aussi le mur de la peur.

L'auteur parle également de ceux qui ont réussi à le franchir. Et de ceux qui n'ont pas réussi. Parfois au prix de leur vie.

Il y a des journées qui font l'Histoire. La journée du 9 novembre 1989 est de celles-là.

L'éditeur britannique Quintessence consacre un volume de sa fameuse collection Les 1001... à plusieurs de ces journées qui ont fait l'Histoire.

Résultat, un énorme volume de 960 pages intitulé Les 1001 jours qui ont changé le monde. L'édition québécoise a été publiée par Trécarré.

Cet ouvrage superbement illustré commence avec le «big bang», il y a 13,7 milliards d'années, et achève avec une autre sorte de «big bang» : l'assermentation de Barack Obama à la présidence des États-Unis, le 20 janvier 2009.

On ne lit pas un tel livre. On le feuillette au gré de sa curiosité.

dfessou@lesoleil.com