Chaque automne, l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec, en collaboration avec plusieurs cabinets spécialisés en rémunération, publie un recueil sur les intentions des employeurs au chapitre des augmentations salariales pour l'année à venir. Il commande aussi un sondage CROP afin de connaître les attentes salariales de la main-d'oeuvre québécoise.

On se doutait, devant la dégradation de la conjoncture économique mondiale, que les augmentations salariales seraient plus modestes qu'auparavant, mais à quel point? Alors que l'accès à une main-d'oeuvre qualifiée devient un enjeu important pour plusieurs employeurs, quelles allaient être leurs réactions?

Du général...

Selon les enquêtes menées par Aon Conseil, Le Groupe Hay, Hewitt et associés, Normandin Beaudry, Mercer, Consultation en ressources humaines, Morneau Sobeco, Saucier Conseil inc., Towers Perrin et Watson Wyatt, au Québec en 2010, les augmentations seront en moyenne de 2,57%. Même son de cloche pour l'ensemble du Canada, où les employeurs comptent octroyer en moyenne 2,67% d'augmentation.

Le sondage CROP-CRHA a par ailleurs révélé que la main-d'oeuvre québécoise s'attend généralement à recevoir 2,5% d'augmentation.

...au particulier

Les salariés des services publics devraient recevoir, en moyenne, 3,67% d'augmentation. Et les cadres de ce secteur peuvent espérer remporter la palme avec une augmentation moyenne de 4,1%.

Par contre, ceux qui occupent un poste dans le secteur de l'information et l'industrie culturelle devront vraisemblablement se satisfaire d'un maigre 1,3%. Et près d'un travailleur québécois sur cinq (18%) s'attend à un gel de son salaire pour l'année à venir.

D'ailleurs, certains travailleurs ont déjà subi le contrecoup de la dégringolade des marchés en 2009 alors que, toujours selon le sondage CROP, le salaire de 6% d'entre eux a diminué et celui de 25% a stagné.

En outre, en 2010, tout porte à croire que l'on rompra avec une tradition. En effet, les cadres de direction reçoivent, bon an, mal an, une augmentation supérieure à celle des autres groupes d'emploi. Or, pour l'année à venir, sauf exception, ils recevront un taux d'augmentation avoisinant celui qui sera accordé à leurs subalternes.

Au-delà du taux d'augmentation

D'un autre côté, sans gratifications pécuniaires significatives, les employeurs parviennent-ils à exprimer leur reconnaissance envers leurs employés, donc à maintenir leur mobilisation?

Toujours selon les résultats du sondage CROP-CRHA, la crise a aussi altéré les conditions de travail. Bien que la situation ne soit pas généralisée, il n'en demeure pas moins que les heures de travail de 23% de la main-d'oeuvre ont été modifiées, que 21% des employés ont vu diminuer leurs possibilités de formation et que 25% ont perdu certains avantages de leurs régimes d'assurance collective.

Par ailleurs, 75% des travailleurs québécois se disent satisfaits des gestes de reconnaissance de leur employeur, et ceci est une excellente nouvelle.

Notre horizon

Aujourd'hui, il faut garder à l'esprit que les cycles économiques suivent leur cours comme ce fut toujours le cas et que la reprise viendra. Entre-temps, la seule voie viable consiste à demeurer mobilisé et productif de manière à être prêt à profiter pleinement de la vague lorsqu'elle reviendra.

Florent Francoeur, CRHA, est président-directeur général à l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Dès lundi, vous retrouverez le texte de cet article dans le portail de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés: www.portailrh.org