Il aurait avantage, disent les experts. Jean David a été vice-président marketing au Cirque du Soleil. On ne peut trouver une entreprise plus réputée en ce qui a trait à la créativité. Or, selon lui, même le Cirque du Soleil fonctionne sensiblement comme les autres entreprises.

«Le problème, c'est que la créativité est laissée aux mains d'un petit groupe de personnes», affirme-t-il.

Devoir faire fonctionner une entreprise coupe évidemment certains élans créatifs, mais le problème est plus profond, selon Laurent Lapierre, professeur de management à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de leadership Pierre-Péladeau. Il croit que tout part du système d'éducation dont le grand défi est d'arriver à donner des connaissances aux étudiants sans leur couper leur esprit d'initiative.

«Einstein disait que ça tenait presque du miracle que l'école ne tue pas complètement la créativité chez les enfants. Pourtant, dieu sait si les entreprises en ont besoin pour se démarquer des autres et pour affronter tous les changements auxquels elles sont confrontées! Comme individu, il faut apporter quelque chose d'unique à ce que l'on fait quotidiennement. C'est ce qui permet de faire sa place. Et cela doit se refléter dans son entreprise», explique-t-il.

Les entreprises ont ainsi intérêt à profiter de la créativité de tous leurs employés, selon Jean David, qui a fondé, il y a 10 ans, la firme Une idée dont le temps est venu, un regroupement de professionnels de la créativité.

«Bien souvent, les employés ont un contact direct avec la clientèle, alors ils ne voient pas les mêmes choses que les patrons. Ce point de vue est précieux», explique-t-il.

Pour bénéficier de la créativité de tous leurs employés, les entreprises doivent installer un climat approprié.

«Bien souvent, lorsqu'une entreprise engage quelqu'un, elle lui donne sa description de tâches, lui demande de la respecter et d'être heureux dans son travail! Ce n'est pas facile dans ce contexte-là d'intégrer la notion de créativité à sa vie quotidienne», affirme M. David.

Une idée dont le temps est venu fait de la consultation, de la formation et du coaching pour apprendre aux travailleurs à résoudre leurs problèmes de façon créative.

«Souvent, les gens ont eu un certain succès et ensuite, ils ne savent plus comment se renouveler. On regarde les défis de l'entreprise et on explore différentes pistes», remarque le psychologue René Bernèche qui donne des ateliers pour la firme Une idée dont le temps est venu.

Créativité pour tous

Et ce ne sont pas seulement les personnes qui évoluent dans des milieux de travail de réputation conservatrice qui ont des efforts à faire pour stimuler leur créativité.

Chez Films Zingaro, le producteur Pierre Beaudry a déjà envoyé une bande d'acteurs à une fin de semaine de créativité pour développer un nouveau projet télé.

«Ce sont des athlètes de la création, mais ils se retrouvent tout de même à utiliser souvent les mêmes façons de créer. En faisant différents exercices, on a réussi à explorer de nouvelles avenues, à découvrir de nouveaux outils de travail», explique M. Beaudry.

Ces efforts soutenus ont permis la création de la série États-Humains, diffusée à ARTV.

L'important, pour René Bernèche, c'est d'arriver à implanter dans l'équipe un climat qui favorise la création et ce, peu importe le milieu de travail.

«Il faut éviter une structure trop hiérarchique dans laquelle les employés ont peur d'exprimer leurs idées. Le défi, pour les entreprises, c'est de réussir à maintenir ce climat qu'on développe dans les ateliers une fois de retour au travail.»