Les récentes révélations des médias à propos des activités de financement électoral des partis politiques montréalais ont fait beaucoup d'ombre aux enjeux plus terre à terre qui préoccupent les citoyens des différents arrondissements. Or, des enjeux, il y en a! Et des luttes très intéressantes aussi. Petit panorama de ce qui sera à suivre demain dans les arrondissements.

1 AhuntsicCartierville

Quiconque réside dans l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville sait que les finances publiques constituent ici un enjeu.

À la fin de 2008, l'arrondissement avait bouclé son budget avec un déficit de 3,9 millions de dollars, au premier rang des arrondissements les plus endettés. Les partis de l'opposition promettent un retour à l'équilibre.

Quant à Union Montréal, qui détenait trois des cinq sièges au conseil d'arrondissement, il mise sur des changements. À commencer par celui de la mairesse d'arrondissement, Marie-Andrée Beaudoin, qui ne se représente pas. Pour lui succéder, Union Montréal propose François Purcell, actuel conseiller dans Rosemont-La Petite-Patrie.

C'est aussi dans l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville que l'ancienne ministre péquiste Diane Lemieux tente un retour en politique aux côtés du maire Tremblay. Son élection lui assurerait une place importante, peut-être même la présidence du comité exécutif.

2 Lasalle

Les fusions municipales ont eu un effet pervers sur l'impôt foncier des résidences de cet arrondissement. Avant la fusion, LaSalle imposait davantage commerces et industries au bénéfice des citoyens. Après la fusion, le taux de l'impôt foncier a été harmonisé à tous les arrondissements. Celui de LaSalle a bondi.

La mairesse Manon Barbe (Union Montréal) défend son bilan en expliquant que son propre impôt foncier est revenu au niveau qu'elle payait il y a 20 ans. Conseiller sortant et candidat à la mairie d'arrondissement pour Vision Montréal, Michael Vadacchino compte capitaliser sur le mécontentement des citoyens face à cet enjeu.

Outre l'impôt foncier, la multiplication des contraventions, des odeurs nauséabondes sur le boulevard LaSalle et le déneigement qualifié de «chaotique» dans certains secteurs font partie des enjeux locaux.

3 Plateau-Mont-Royal

Les quatre dernières années ont été houleuses dans cet arrondissement pour Union Montréal, et ce, même si le parti du maire Tremblay y détient cinq des sept sièges, dont celui de la mairie.

Fortement contestée dans son style de gestion, la mairesse Helen Fotopulos a décidé de céder sa place pour se présenter comme conseillère de la ville dans Côte-des-Neiges. C'est Michel Labrecque, actuel président du conseil d'administration de la Société de transport de Montréal, qui est le candidat d'Union Montréal à la mairie.

La lutte s'annonce par ailleurs intéressante dans le district de Jeanne-Mance où le conseiller sortant d'Union Montréal, Michel Prescott, affrontera Nathalie Rochefort, ancienne députée libérale représentant le camp de Vision Montréal, et Marc-Boris St-Maurice, militant bien connu de la légalisation de la marijuana, comme indépendant.

4 Côte-des-neiges Notre-dame-de-grâce

Union Montréal envoie trois gros canons dans cet arrondissement très multiethnique. Au maire et au conseiller sortant Michael Applebaum et Marvin Rotrand se joint la mairesse sortante du Plateau-Mont-Royal, Helen Fotopulos.

Ancienne présidente d'Union Montréal, Brenda Paris a quitté le parti du maire Tremblay, estimant que ce dernier n'a ni vision ni écoute. En août, elle est entrée à Vision Montréal et brigue la mairie de l'arrondissement.

Projet Montréal est entre autres représenté par Cymery Gomery, la fille de l'ex-juge et commissaire John Gomery. Elle tente de se faire élire comme conseillère de la ville.

La revitalisation du secteur Namur-Jean-Talon est un des enjeux dans le quartier caractérisé par de nombreux logements insalubres, une forte population de locataires et de gens à faible revenu.

On prévoit la construction de 3000 logements (en majorité des copropriétés) dans Namur-Jean-Talon et 6000 autres sur les anciens terrains de l'hippodrome Blue Bonnets.

Le maire Applebaum promet de réserver 15% des unités au logement social, mais d'autres craignent l'embourgeoisement du secteur.

5 Mercier Hochelaga-Maisonneuve

Bien sûr, il y a des enjeux fort intéressants dans cet arrondissement connu pour ses familles modestes et ses problèmes de logements et de pauvreté. Il y a aussi la quasi éternelle question du réaménagement de la rue Notre-Dame qui traverse l'arrondissement d'est en ouest.

Mais il sera surtout intéressant de voir quel score y fera Vision Montréal, le parti de Louise Harel. Non seulement la chef de VM a été députée de l'endroit durant plus de 25 ans à l'Assemblée nationale, mais un de ses candidats au poste de maire d'arrondissement, Réal Ménard, en était le député fédéral depuis 1993.

La colistière de Mme Harel à la mairie, Monique Comtois-Blanchet, s'y présente comme conseillère. Actuellement, cet arrondissement est l'un des rares que contrôle Vision Montréal, avec trois conseillers sortants contre deux pour Union Montréal.

6 Montréal-Nord

Logements, pauvreté et... sécurité. Voilà autant de sujets qui préoccupent la population de cet arrondissement marquée par les événements entourant la mort de Fredy Villanueva en août 2008.

Comptant près de 84 000 habitants, Montréal-Nord se distingue par sa forte population de personnes âgées de 65 ans et plus (19%), de minorités visibles et de gens nés à l'extérieur du pays.

Tous souhaitent non seulement plus de sécurité, mais aussi des projets fédérateurs, porteurs d'avenir et d'espoir pour les jeunes et les familles. Au cours d'une récente rencontre avec des candidats, des résidants ne sont pas passés par quatre chemins pour dire qu'ils n'en peuvent plus des tables de concertation et des autres structures où il y a trop de mots et pas assez d'actions.

Il est à noter qu'ici, le maire sortant Marcel Parent (Union Montréal) quitte la vie politique.

7 Saint-Léonard

À moins d'une catastrophe, le maire Michel Bissonnet (Union Montréal) sera réélu très facilement dans cet arrondissement qu'il a représenté tant au provincial qu'au municipal. Le conseil sortant est entièrement dominé par Union Montréal.

Le quartier possède son lot de poches de pauvreté et de logements insalubres (place Jarry, domaine Renaissance). Certains groupes sociaux et individus estiment aussi que la vie démocratique est entachée par le manque d'écoute des élus.

8 Ville-Marie

L'élection dans Ville-Marie (le centre-ville) revêt un caractère encore plus particulier qu'avant car le prochain maire de Montréal sera aussi celui de cet arrondissement. C'est Gérald Tremblay qui a obtenu ce changement en s'adressant au gouvernement québécois, estimant que la gestion et la mise en valeur de cet arrondissement sont névralgiques, vitaux et ont une incidence sur tout le reste de la ville.

Près de 80 000 personnes y habitent et, contrairement au sort de plusieurs grandes villes nord-américaines, Ville-Marie est habité, animé, fréquenté l'année durant. Cela est entre autres imputables aux milliers de copropriétés luxueuses bâties au centre-ville et dans le Vieux-Montréal au cours des dernières années. À certains endroits, ils voisinent des poches de pauvreté parmi les plus lourdes de la métropole. Entre les deux, la classe moyenne se sent à l'étroit.

Autres enjeux du secteur, le coût des parcomètres, lesquels, à 3$ l'heure, font rager bien des gens, la propreté et la question de rendre certaines rues (Saint-Paul, Sainte-Catherine) piétonnes sur de plus longues distances et de plus longues périodes.

Ici, les partis envoient de grosses pointures: Sammy Forcillo et Catherine Sévigny (deux membres du comité exécutif) avec Union Montréal, Pierre Mainville, un des rares conseillers de Projet Montréal, etc. Un absent de taille pour Vision Montréal: Benoit Labonté, maire démissionnaire de l'arrondissement.